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Groupe de Reflexion et d'Action pour le Tchad
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                                             « Informer sans tabous et sans mensonges »

18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 10:12

BABA LADE

L’ancien Chef rebelle du Front populaire pour le redressement (FPR), Abdelkérim Baba Ladé, alias Général Baba Ladé rentré au Tchad en 2012 après s’être volontairement rendu aux autorités centrafricaines continue d’être source d’inquiétude. Les autorités camerounaises l’auraient accusé d’activer le feu sur leur territoire en se cachant derrière une rébellion qui a attaqué  l’ouest camerounais et endeuillé quelques familles. Le 3 février 2013, le président Idriss Déby Itno l’a reçu en audience privée. Nous sommes allés à sa rencontre, à N’Djamena le 11 février 2014 pour obtenir sa version des faits. Interview exclusive.  

-          Monsieur Baba Ladé, vous êtes rentré au Tchad, est-ce qu’on peut savoir dans quel contexte vous aviez signé votre retour ?

Merci beaucoup, M. François.  Je suis rentré à la demande du chef de l’Etat qui m’a contacté directement par deux de ses émissaires, il y avait l’ex ministre de l’intérieur du Niger et un ex conseiller du président centrafricain qui sont partis me voir. Mais bien avant ça, j’avais pris contact le 30 Octobre avec le chef de l’Etat nigérien Mamadou Issoufou. C’est depuis lors que les contacts ont été rétablis avec N’Djamena.

-          Alors, vous êtes rentrés, or il se trouve que le Camerounais accuse vos anciens éléments de vouloir déstabiliser une partie du Cameroun et ainsi chercher à renverser les autorités camerounaises à travers une rébellion. Est-ce que Baba Ladé est derrière cette rébellion ?

-          C’est vrai, les rumeurs ont toujours circulé, bien avant que je quitte même le Tchad au mois de septembre dernier, j’étais conseiller au premier ministre nommé le 14 janvier 2012. J’avais appris comme tout autre que le Cameroun accuse mes ex combattants restés en territoire centrafricain, ceux qui ne sont pas retenus au Tchad qui sont aussi repartis là-bas en Centrafrique de vouloir déstabiliser le Cameroun. Cela m’a beaucoup étonné d’autant que les éléments restés fidèles à nous sont restés toujours dans le triangle des trois pays, Centrafrique, Cameroun, Tchad dans la zone de Ngaoundaï en Centrafrique. Ceux qui opèrent contre le Cameroun sont au sud de la Centrafrique et même presque le sud du Cameroun. Lorsqu’on a fait des renseignements, on a trouvé qu’ils sont dans la zone de Berbérati, ceux qui opèrent contre le Cameroun. Nous, bon…Quel est notre travail, quand on écoute que les gens nous accusent, il faut chercher d’abord à savoir, on a des hommes, on ne peut pas dire que ce ne sont pas nos éléments, il faut qu’on vérifie. Nous avons vérifié et j’avais un ex officier qui a regagné la Séléka et qui était chef de région de Berberati. Je lui ai demandé, mais c’est quoi cette histoire ? il me disait que vraiment eux-mêmes ils apprennent que ces gars nous appartiennent. J’ai dit mais est-ce que réellement les gars nous appartiennent ? J’ai dit ensuite mais est-ce que réellement les gars sont nos anciens combattants ? il a dit, personne ! parce ce qu’ils viennent s’approvisionner à Berbérati donc il les connait, il connait même leur chef. Je dis mais il n’y a même pas nos anciens   éléments parmi eux ? il a dit il n’y en a pas. Je dis bon, mets-moi en contact avec eux. Il avait leur numéro de téléphone Thuraya,  il m’a envoyé, j’ai tenté de joindre le numéro Thuraya mais ça ne passait pas, je lui ai dit, bon, leur numéro Thuraya ne passait pas, donc donne-leur mon numéro, parce que j’étais au Niger entretemps, je veux connaitre ces gens-là ! Lorsqu’il leur a remis le numéro, ils m’ont appelé, c’est leur chef même.  Il  me dit qu’il s’appelle général Ali. Je lui ai dit mais vous êtes de quelle rébellion ? il m’a dit qu’ils sont des rebelles camerounais. Je dis mais pourquoi vous agissez en mon nom, au nom au de Baba Ladé ? il m’a dit non, eux-mêmes ils apprennent comme tout autre qu’ils sont des éléments de Babé Ladé mais jamais, ils ne sont pas des  éléments de Baba Ladé, mais ils sont des rebelles camerounais. Voilà, moi j’ai compris que, peut-être ça serait une confusion de nom, puisque moi-même j’ai un Ali, qui est le chef d’Etat-major du FPR, il s’est aussi autoproclamé général (sourire…), donc je crois que c’était une confusion de nom. Depuis lors, je leur ai dit merci beaucoup, mais  de toutes les manières, je vous conseille de ne pas faire la rébellion, il faut accepter de rentrer dans la légalité. Voilà c’est tout ce que je leur ai dit. Depuis lors, je n’ai pas eu un autre contact avec eux, comme j’ai vérifié et j’ai trouvé qu’ils ne sont pas sous mes ordres, donc cela ne nous regarde pas.

-          Mais, tout de même, ça a provoqué des inquiétudes aussi bien du côté du Cameroun que du côté du Tchad, parce que, vous êtes sans ignorer que le Tchad a d’normes intérêts économiques au Cameroun, tous nos biens presque passent par le port de Douala, deuxième raison fondamentale, le pétrole tchadien est exploité grâce à un pipeline de 1070 km qui relie la ville de Doba à Kribi au Cameroun. Alors, qu’est-ce que vous pouvez dire, monsieur Baba Ladé, pour rassurer aussi bien les autorités camerounaises que tchadiennes, que vous n’êtes pas impliqué dans tout ce qui se passe au Cameroun et que vous œuvrez plutôt pour la paix ?

 

-          Oui, lors de mon retour, le 3 février (2014), j’ai rencontré le chef de l’Etat, son Excellence Idriss Déby Itno, pendant notre entretien où il m’a reçu en audience, je crois qu’il m’a aussi montré l’inquiétude du Tchad, que du côté Cameroun. Je lui ai expliqué comme je venais de vous expliquer, j’ai dit, Excellence, vraiment moi-même j’ai appris comme tout autre, mais j’ai cherché à vérifier les faits sur cette rébellion, j’ai cherché à entrer en contact pour savoir est-ce qu’ils appartiennent au FPR ou non ?  et j’ai trouvé qu’ils ne sont pas du FPR. Donc soyez rassurés que le Tchad reste bien Blanchi devant les Camerounais. Ce n’est pas un tchadien qui fait ça. Moi encore je suis très loin de cette histoire. Bon, mais si c’est une rébellion peuhle qui agit au Cameroun, ce n’est pas mon problème, c’est un problème des Camerounais. Ça ne regarde que le Cameroun, donc, moi je crois que j’ai blanchi quand-même le Tchad devant le Chef de l’Etat, on ne peut pas mentir quand-même à un chef de l’Etat donc, tout ce que j’ai dit, c’est ça la vérité. J’ai dit au Chef de l’Etat que moi j’ai fait la brousse. Je connais de la frontière du Tchad jusqu’en Centrafrique, au Cameroun, au Sud Soudan, en Ouganda… donc, si c’est le Tchad qui m’envoie peut-être ailleurs pour aller peut-être enlever les épines (sourire…), moi je suis militaire, si on me demande de tirer je tire, si on me demande de faciliter, je peux être facilitateur donc pour ça je suis prêt à aider le Tchad. Je suis venu pour œuvrer pour la paix, j’ai transmis mes doléances au Chef de l’Etat et j’attends la décision de mon président.

-          Dernière question, Monsieur Baba Ladé : votre groupe politico-militaire a œuvré à l’époque d’une mauvaise manière, aujourd’hui vous êtes rentré dans la légalité, depuis l’année dernière vous êtes rentré au pays sans condition comme vous l’aviez dit et fait, aujourd’hui, quel rôle Baba Ladé va jouer ? Est-ce que votre mouvement rebelle s’est transformé en parti politique ?

-          D’abord notre rébellion était une rébellion vraiment exemplaire ; là je vais vous le dire. Je crois qu’au retour vous avez suivi même les chaînes internationales qui ont parlé des éléments disciplinés. Et j’ai eu beaucoup de journalistes qui sont partis sur le terrain, qui m’ont rencontré et qui m’ont dit, par comment j’ai fait pour que les gars aient une discipline ? Donc, il n’y a pas longtemps, lors de nos accords avec N’Djamena à Bangui, là où s’étaient nos actions, le préfet de la région disait qu’il n’a jamais vu une rébellion exemplaire, parce qu’ils ont vu des rébellions centrafricaines qui ont fait des exactions,  qui ont arraché, qui ont fait tout, mais nous, nos éléments n’ont même pas pris une épingle sur sa population, le préfet est là, et je crois que je me réjouis de ça. C’est pour vous dire que lorsque nous avons accepté de rentrer, sans condition nous avons accepté la politique du président Déby. Mais seulement il a été dit dans un point, qui est le point 5 du communiqué final qu’on devrait chercher un pays pour finaliser la paix ?   qu’est-ce qu’on entend par chercher un pays ou un lieu pour finaliser la paix ? donc c’était un accord qui devrait être fait ? on m’a convaincu que mon chef d’Etat a besoin de moi, de venir discuter dans son salon à N’Djamena, et, maintenant on aura le temps de discuter entre tchadiens, c’est-à-dire que le point 5 regardait maintenant la réinsertion et l’intégration de nos éléments, c’est ce qui n’a pas été fait et qui m’a un peu dérangé tout dernièrement, mais pour le moment, je crois qu’on a mis le point sur tout, nos doléances sont devant le chef de l’Etat, que ce soit du parti ou des éléments restés derrière nous, tout dépend maintenant de la volonté du Chef de l’Etat. Par  François Djékombé 

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