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Groupe de Reflexion et d'Action pour le Tchad
"Un blog Indépendant qui va au délà de l'actualité"

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                                             « Informer sans tabous et sans mensonges »

5 janvier 2016 2 05 /01 /janvier /2016 09:38
Procès de HABRE : Déby, Abdou Diouf, Abdoul Mbaye … à la barre ?

Le président du Groupe «Walfadjiri », Sidy Lamine Niass a interpellé le président Macky SALL sur le procès du Président Habré. Selon lui, ce procès ne sera équitable et exemplaire que lorsqu’Idriss DEBY fera face à la justice aux côtés de HABRE. Le patron de presse a dénoncé la justice à deux vitesses et a demandé la comparution d’Abdou Diouf, ancien président du Sénégal et d’Abdou MBAYE ancien premier Ministre du Sénégal.

"Le procés HABRE ne peut pas se tenir sans DEBY. Idriss DEBY était l'exécutant, donc on ne peut pas tenir un procès sans lui. A mon avis, les choses ne seront pas claires si c'est HABRE seul qui fait face à la justice. On ne doit pas juger HABRE pour attendre le tour de DEBY après. Non. Il fallait les juger ensemble. Allons jusqu'au bout de cette affaire en jugeant DEBY en même temps que HABRE, si on veut une justice équitable en Afrique comme certains le disent. En tant qu'observateur, je ne suis pas satisfait. Une partie de l'accusation concerne HABRE, une autre touche DEBY, il faut donc les juger ensemble », a-t-il indiqué.

A l'image de Sidy Lamine, l'opposition sénégalaise à travers les personnes invitées sur les plateaux de télévision, a également dénoncé le procès du président HABRE qui est un détenu politique à leurs yeux.

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27 décembre 2015 7 27 /12 /décembre /2015 01:37
Bulletins de notes de Habré et de Pinochet

Pinochet/ Habré: deux hommes aux destins croisés. Mais Habré a fait pire que Pinochet. Un rappel historique pour les petits naïfs « habréistes »... Les courtisans, les souteneurs alimentaires et les courtiers du dictateur: 40 000 morts, 200 000 citoyens torturés. Dès lors, vous imaginez le nombre d’orphelins et de veuves

Nom : Habré

Prénom : Hissène

Etat : Tchad

Années de règne : 1982 – 1990 ( 8 ans)

Performance criminelle

Effectif cumulé : 40 000 morts

Moyenne annuelle : 5000 morts

Moyenne mensuelle : 416 morts

Note : 13/10

Nom : Duarté Pinochet

Prénom : Augusto

Eta : Chili

Années de règne : 1973 – 1990 ( 13 ans)

Performance criminelle

Effectif cumulé : 3000 morts

Moyenne annuelle : 176 morts

Moyenne mensuelle : 14 morts

Note : 1/10

Quand Pinochet tue une personne, Habré, lui, en extermine 133.

Observation:

Pinochet: apprenti criminel / Habré: machiavel du désert.

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22 décembre 2015 2 22 /12 /décembre /2015 07:29
	 Reed Brody : « Le procès Habré prouve que la société civile africaine n’est pas vouée à l’impuissance

Reed Brody, porte-parole de l'ONG Human Rights Watch, revient sur la première phase du procès d'Hissène Habré devant les Chambres africaines extraordinaires à Dakar. La dernière ligne droite de ce procès historique débutera au mois de février 2016.

Apres plus de trois mois d’audiences et l’audition de 93 témoins ou experts, le procès de l’ancien président tchadien Hissène Habré devant les Chambres africaines extraordinaires (CAE), qui siègent à Dakar, entamera début 2016 sa dernière ligne droite. À partir du 8 février se succéderont les réquisitions du Parquet et les plaidoiries des parties civiles et de la défense, en présence d’un accusé qui aura observé le silence depuis le début de la procédure.

Impliqué au côté des victimes du régime Habré depuis plus de quinze ans, Reed Brody, ancien avocat new-yorkais devenu porte-parole de Human Rights Watch, a pris ses quartiers à Dakar depuis le début des audiences. Il revient pour Jeune Afrique sur la première phase de ce procès qualifié d’historique.

Jeune Afrique : Quels ont été, à vos yeux, les moments les plus marquants de ces mois d’audiences?

Reed Brody : Ce que je retiens avant tout, ce sont les témoignages de ces quatre femmes qui avaient été déportées dans un camp, dans le nord du Tchad, en 1988. Là-bas, elles ont été réduites à la condition d’esclaves sexuelles. Ces femmes ont eu le courage de venir raconter au procès cette histoire douloureuse, faisant preuve d’une grande dignité. L’une d’entre elles, Khadija « la Rouge » a même accusé Hissène Habré de l’avoir lui-même violée à quatre reprises. Leurs témoignages m’ont beaucoup impressionné.

Je peux également citer le témoignage de Robert Hissein Gambier, qui aura passé cinq ans dans les geôles du régime. Il a personnellement comptabilisé 2 053 détenus morts en prison, où ses codétenus l’avaient surnommé « l’homme qui court plus vite que la mort ». Après avoir été soumis à la torture, il est devenu quasiment sourd, et il parle très fort quand il s’exprime. Son témoignage était très émouvant. Dans la salle, on pouvait voir des gens verser des larmes en l’écoutant.

Plusieurs témoins ont évoqué la présence physique de Hissène Habré lors d’épisodes qu’ils ont subis…

Au moins dix témoins ont affirmé avoir personnellement rencontré Hissène Habré dans les prisons de la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS), la police politique du régime, ou avoir été directement incarcérés à sa demande, en leur présence. C’est notamment le cas de Gambier, qui dit avoir été amené devant Hissène Habré, lequel aurait personnellement ordonné son placement en détention.

Les audiences ont-elles permis d’éclairer le fonctionnement du système répressif mis en place au Tchad entre 1982 et 1990 ?

À travers les 93 témoignages et les archives de la DDS, ce service qui était placé au cœur du système, on a pu prendre la mesure du contrôle direct qu’exerçait Hissène Habré. Celui-ci était constamment informé des agissements de la DDS. Il lisait tout, il contrôlait tout.

Comment s’est-il comporté durant la durée du procès, auquel le président des Chambres africaines extraordinaires l’a contraint à assister?

Je dois reconnaître que j’admire la discipline physique et mentale dont il a fait preuve pendant ces trois mois. Sept heures par jour, quatre jours par semaine, cet homme de 73 ans est resté stoïque et mutique, se contentant parfois d’agiter le pied. Cette maîtrise de soi était plutôt impressionnante. Au-delà de la première audience, où il avait pris le tribunal à parti, il n’a jamais prononcé un mot, ni même tourné la tête vers les témoins, dont certains étaient d’anciens collaborateurs qu’il connaissait très bien.

Hissène Habré avait refusé d’être défendu mais le tribunal a commis d’office trois avocats. Comment sont-ils parvenus à le défendre malgré lui?

Ils ont joué un rôle actif, interrogeant chaque témoin. De manière générale, ils n’ont pas contesté les récits d’actes criminels mis ils ont tenté, par leurs questions, de démontrer que Hissène Habré n’était pas personnellement impliqué dans la commission de ces crimes. Par moments, ils ont suggéré que la situation politique et militaire chaotique qui prévalait au Tchad durant les années 1980 avait conduit Hissène Habré à faire le nécessaire pour défendre le pays et maintenir l’ordre.

« Le procès Habré n’a pas eu lieu parce que c’était la volonté du régime actuel, mais parce que des survivants et des militants des droits de l’homme, par leur obstination, l’ont arraché »

À Dakar, le procès n’a pas attiré grand-monde. Comment a-t-il été suivi au Tchad ?

Grâce à la retransmission des audiences en temps réel, à la fois sur Internet et via la télévision tchadienne, qui a diffusé les débats quasi intégralement, en léger différé, le procès y a été largement suivi. Il était symboliquement important que les Tchadiens puissent voir leur ancien dictateur sur le banc des accusés. Le procès Habré n’a pas eu lieu parce que c’était la volonté du régime actuel, mais parce que des survivants et des militants des droits de l’homme, par leur obstination, l’ont arraché. C’est la preuve que la société civile africaine n’est pas vouée à l’impuissance.

Au Sénégal, Hissène Habré, qui y avait trouvé refuge depuis 1990, bénéficiait d’un fort courant de sympathie. Le procès a-t-il changé la donne?

L’opinion publique a basculé à mesure que les victimes livraient leur récit. Les audiences ont été couvertes au quotidien au Sénégal, aussi bien par la presse que par les radios et les chaînes de télévision, si bien que le Sénégalais lambda, d’après tous les échos que j’ai pu recevoir, a pris la mesure de la gravité des accusations. Les témoignages des victimes ont créé un déclic.

Le camp Habré vous a souvent stigmatisé comme une sorte de deus ex machina occidental, du fait de votre implication ancienne dans cette procédure. Quel rôle y avez-vous joué exactement ?

Human Rights Watch n’était pas là lorsque Souleymane Guengueng, du fond de sa prison, a juré devant Dieu que s’il en sortait vivant, il se battrait pour demander justice. Nous n’étions pas là non plus lorsque l’association des victimes du régime a entamé ses premières démarches judiciaires.

Ce n’est qu’au moment de l’affaire Pinochet, à la fin des années 1990, que les victimes tchadiennes sont venues vers Human Rights Watch pour nous demander de les accompagner. C’est ce que nous avons fait depuis, certes avec une forte implication, en leur apportant des conseils juridiques, en les aidant dans leurs recherches de financement ou en facilitant leurs contacts avec des décideurs. Je suis fier aujourd’hui que ces démarches aient été couronnées de succès.

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15 décembre 2015 2 15 /12 /décembre /2015 14:14
Procès Habré : «La Dds m’a arrêté, parce que ma femme est la sœur aînée de la femme de Hassan Djamous»

Oumar Goudja est un homme d’affaires très riche au Tchad au moment de son arrestation le 17 avril 1989, après l’entrée en rébellion de Idris Déby et Hassan Djamous. Il a été conduit presque dans toutes les prisons de Ndjamena et dit avoir été torturé par les hommes du régime de Habré qui, selon lui, ont essayé de lui faire signer deux chèques d’un montant de 230 millions de francs Cfa.

La Chambre d’assises extraordinaire est en train de recueillir les derniers témoignages et de s’acheminer vers la fin des audiences prévue ce mardi en attendant les plaidoiries. Hier, la cour a entendu Cheikh Omar Goudja, un richissime homme d’affaires tchadien spécialisé dans l’importation et la vente de farine et de sucre. Cet homme, qui a déposé par vidéoconférence, a été arrêté le 17 avril 1989 à Nguéli à l’entrée de Ndjamena en provenance du Cameroun à 17 heures par des agents de la Dds (Direction de la documentation et de la sécurité). Conduit à la Dds, il est aussitôt renvoyé chez lui et prié de revenir à 22 heures.

A son retour, Ahmat Aladji, le chef de la Dds, l’interroge : «Tu connais Hassan Djamous et Idriss Déby ?» Le régime accusait Oumar Goudja de complicité et lui reprochait d’être un confident de Hassan Djamous et de complice avec les traitres Zagawas. «Pourquoi les agents de la Dds vous accusaient de complicité avec Hassan Djamous ?», poursuit l’assesseur du juge. «Ils ont fait de l’amalgame car ma femme est la sœur ainée de la femme de Hassan Djamous», répond le témoin.

Renvoyé encore chez lui, trois jours après, ce sont 5 pick-up remplis de militaires qui sont conduits à son domicile à 8 heures. La maison est fouillée de fond en comble. Il est, cette fois-ci, arrêté et emprisonné à la Dds à la prison la «Piscine» dans la cellule 1 pendant 13 jours. «Le 14ème jour, les agents de la Dds aménagent une petite cellule pour me torturer. J’ai subi des décharges électriques, des flagellations, et j’étais attaché», raconte le témoin. Qui précise : «Les tortures ont duré de 9 heures à 15 heures. Après, je suis jeté dans une autre cellule avec des détenus presque mourants. C’était horrible», se souvient-il.

Décrivant les conditions de sa détention, il met en exergue l’absence de nourriture, le manque d’hygiène «pas de douche» et cela, regrette-t-il, durant trois mois avant d’être transféré aux «Locaux». Là, il partage la cellule C avec le frère de Goukini Weddeï et plusieurs autres détenus. «Beaucoup de prisonniers y ont laissé la vie. En moyenne, 4 à 5 par jour», note Oumar Goudja.

Au bout de trois mois passé dans cette prison, il est encore transféré à la gendarmerie. Là, Oumar Goudja subit un autre calvaire. Les agents de la Dds lui présentent deux chèques : un de 150 millions et un autre de 80 millions. «Ils voulaient que je les signe. J’ai refusé. Et cela m’a valu deux semaines de tortures», avance-t-il. Heureusement, souligne-t-il : «A ma sortie, je suis allé vérifier et ils n’ont pas pu toucher à mon argent. Mais ils ont procédé à la suspension de mon compte. Un employé de la banque m’a montré deux documents qui demandaient la suspension de mon compte. L’un venait du directeur de cabinet de la Présidence et l’autre de la Sûreté nationale», rapporte le témoin.

Poursuivant son propos, il indique que les agents de la Dds sont allés plus loin. «Ils étaient allés voir une de mes maisons que j’avais donnée en location à la Banque mondiale au Tchad, pour récupérer de l’argent. Les agents de la Banque mondiale leur ont dit qu’ils avaient signé un contrat avec moi (Oumar Goudja) et non avec des agents de la Dds. Donc, ils n’ont rien reçu», soutient le témoin.

Parlant de ses relations avec le Président Habré à l’époque, Oumar Goudja rappelle que Hissein Habré le connaît bien. Il dit détenir une carte de l’Unir, le parti de Hissein Habré. Il dit aussi avoir participé à l’effort de guerre quand Habré a conquis du pouvoir. «J’étais exilé au Cameroun. Je suis d’ailleurs rentré au Tchad le 7 juin 1982 à Ndjamena, quand il est devenu Président du Tchad», avance-t-il avant de demander à l’ex-numéro un tchadien de prendre ses responsabilités et d’assumer ses actes. GRAT avec lequotidien

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9 décembre 2015 3 09 /12 /décembre /2015 08:25
Habré m’a dit : Toi, tu ne reconnais même pas le Président, tu es vraiment un ennemi

Le témoin du jour s’appelle Izadine Mahamat Haroune. Cet homme âgé aujourd’hui de 63 ans est revenu sur les circonstances de son arrestation. Il était accusé avec son oncle marabout de travailler mystiquement pour le compte de la bande à trois : Idriss Deby, actuel Président du Tchad, Hassan Djamous et Abbas Gody. Il a dit avoir été interrogé par l’ex-Président du Tchad, Hissein Habré.

La Chambre africaine extraordinaire d’assises a recueilli le témoignage de Izadine Mahamat Ha­roune. Ce témoin s’est constitué partie civile dans ce procès de l’ex-homme fort de Ndjamena ouvert à Dakar depuis juillet dernier. Il était un cultivateur à l’époque des faits. Il s’activait aussi durant la saison sèche dans l’importation et la vente de motos à Ndjamena. Les services de la Direction de la documentation et de la sécurité (Dds) ont mis fin à ses activités. Il fut arrêté le 17 avril 1987 à minuit chez son oncle Zakaria Faky par un certain Abdellah Gagaya et conduit manu-militari à la Dds.

Son interrogatoire portait sur les activités de son oncle Zakaria Faky, grand marabout et imam. Le régime de Habré accusait en effet Izadine Mahamat Haroune et son oncle de recevoir et de travailler mystiquement pour le compte de la «bande à trois» à l’époque composée de Idriss Deby, l’actuel Président du Tchad, de Hassan Djamous et de Abbas Gody tous tombés en disgrâce. Izadine Maha­mat niait toutes les accusations. Mais ses réponses n’avaient pas satisfait les militaires.

Emprisonné, ligoté, tabassé, le témoin dit avoir reçu des décharges électriques avant d’être transféré au Camp des Martyrs. Après un bref séjour dans cette prison, il est re-convoqué et réinterrogé toujours sur les activités de son oncle. «Pourquoi Idriss Deby, Hassan Djamous et Abbas Gody fréquentaient votre oncle ?», interrogeait Abdellah Gagaya. «Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c’est que beaucoup de monde venait voir mon oncle», répondait Izadine Maha­mat.

Ensuite, ce sont quatre militaires et Guihini Korei qui sont venus le prendre. Le visage encagoulé, il est embarqué dans un véhicule vers une destination inconnue. Conduit dans une chambre, les militaires lui enlèvent la cagoule. En présence de Guihini, un homme en cafetan blanc est venu lui poser des questions. «Qui est le Président du Tchad ?», questionnait-il. «El Hadji Hissein Habré», répondait le prisonnier. «Tu es devant Hissein Habré et tu ne le reconnais pas. Tu es vraiment un ennemi», disait Habré qui griffonnait quelques mots sur une fiche avant de quitter la chambre, relate le témoin. «C’est à cet instant que j’ai réalisé que l’homme qui était en face de moi était bien Habré et que l’endroit où j’étais était la Présidence », confesse le témoin devant la barre.

Izadine Mahamat Houroune retourne en prison à la Dds. Torturé de nouveau, privé de nourriture, il tombe malade et dit n’avoir reçu aucun soin. Le seul repas dans cette prison est servi à 17 heures et il «s’agit du sorgho périmé avec des insectes morts et de petits cailloux avec un petit verre d’eau», précise le témoin. «Mou­rant», Mahamat Haroune est transféré à la prison dite des «Locaux» où il rencontre son oncle marabout Zacharia Faky arrêté lui aussi deux jours après son neveu. Le témoin évoque la mort de beaucoup de codétenus durant son séjour carcéral. «9 sont morts en un seul jour. Des talibés et leur maître sont également morts ainsi qu’un journaliste du nom de Akaye», témoigne-t-il. Sa vie se déroulait ainsi jusqu’aux accords signés entre Acheikh Ibn Omar et Hissein Habré intervenu le 19 novembre 1988. Haroune est libéré en mars 1989 avec son oncle et Clément Abaifouta, le président de l’Association des victimes des crimes du régime de Hissein Habré (Avcrhh) et d’autres prisonniers.

A la suite de Haroune, la Cour a reçu la déposition de Ousmane Abakar, un ancien combattant des Forces armées populaires (Fap) du Gouvernement d’union nationale de transition (Gunt) de Goukouni Weddey. La présumée victime est revenue sur la bataille de Faya Largeau en juin 1983 à laquelle lui-même a participé et au cours de laquelle il a été capturé et fait prisonnier et transféré à la maison d’arrêt de Ndjamena. Grat avec lequotidien

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7 décembre 2015 1 07 /12 /décembre /2015 05:21
Procès Habré : Une députée sénégalaise exige la présence d’Idriss Déby à la barre

A la barre du Tribunal spécial en charge du procès de Habré, le nom d’Idriss Déby, actuel chef d’Etat du Tchad a été souvent cité au cours des audiences. L’implication ou non de l’actuel homme fort de Ndjamena est appréciée de différentes manières. Seynabou Wade, député, a transposé hier ce débat judiciaire à l’Assemblée nationale. «Idriss Déby doit se présenter à la barre, sinon le procès d’Hissène Habré doit s’arrêter». Cette déclaration du député Seynabou Wade faite hier à l’Assemblée nationale va sans doute plaire aux souteneurs de l’ex-Président du Tchad jugé pour «crimes contre l’humanité, crimes de guerre et de torture».

Regard fixé sur le ministre de la Justice, Sidiki Kaba, Seynabou Wade poursuit : «Le procès Hissène Habré n’a plus de sens, au moment où il est jugé. Au Tchad, deux Généraux arrêtés en même temps que lui et jugés, ont été maintenant relaxés par Idriss Déby. On ne juge pas un réfugié politique. Si Idriss Déby ne vient pas, il n’y a plus de raison que ce procès se tienne». A cet instant, Sidiki Kaba et ses collaborateurs prennent note. Et du côté des députés, les débats se poursuivent. Lorsque la parole revient au ministre de la Justice, sa réponse au député sonne comme un rappel : «Ce sont ses propres concitoyens, compatriotes qui ont engagé une procédure contre Hissène Habré. Ils ont estimé que pendant son règne, il y a eu de violations massives des droits (…) et qu’on peut qualifier de crimes contre l’humanité. L’Union africaine a demandé au Sénégal de juger ou d’extrader Hissène Habré. Et la question principale était de savoir si on devait le juger ou le livrer à la Belgique afin qu’il y soit jugé. Et quand on a demandé au Président Macky Sall, il a choisi qu’il soit jugé ici». Pour le ministre, le fait que Habré soit jugé à Dakar constitue un prestige pour le Sénégal. «Le procès est en cours. Je ne peux pas savoir ce qui sera décidé. Toutes les garanties offertes à une personne seront exécutées. Le Tchad est un pays souverain qui peut organiser un procès chez lui. Habré ne sera pas exécuté car la peine de mort a été supprimée par le Sénégal. La peine de mort n’est pas dissuasive. Si Habré n’était pas jugé au Sénégal et que nous le laissions partir au Tchad, il serait fusillé. Car en 2008, il a été condamné dans son pays. Le Sénégal a fait un acte de justice et de panafricanisme pour montrer que l’Afrique a la capacité de juger». Ouvert le 20 juillet dernier, le procès d’Hissène Habré se poursuit au palais de justice de Dakar, 33 ans après son accès au pouvoir, en 1982, et 25 ans après sa destitution, en 1990.

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4 décembre 2015 5 04 /12 /décembre /2015 04:32
Zeinaba Bogoto : «Les hommes de Habré ont tué, enterré puis déterré mon mari»

Devant la Chambre d’assises extraordinaire, Zeinaba Bogoto, épouse d’un commandant de gendarmerie, a servi un témoignage poignant sur les conditions de disparition de son mari durant la règne de Habré.

«Les hommes de Habré ont tué, enterré et déterré mon mari avant de le remettre à sa famille.» Ce sont les mots de Zeinaba Ciré Bogoto, épouse du commandant de la gendarmerie, Guéliam, tué par les agents de la Dds. Elle explique : «Mon mari avait rejoint le camp de Kamougué au Sud du pays lors des dissensions qui ont émaillé le régime de Tombalbaye. Mais quand Hissein Habré a pris le pouvoir en 1982, il s’est approché de ma mère qui était l’amie de Fatima Habré pour lui demander de convaincre mon mari de venir dans son camp», a-t-elle expliqué. Convaincu par ses explications, le commandant Guéliam a rejoint les rangs et a été accueilli par le président du Comité d’accueil et d’insertion. Ensuite, il est nommé Directeur de cabinet du Président Habré. Cette collaboration engendre des relations conflictuelles.

Alors qu’il était sorti avec des amis pour passer du bon temps chez une amie, le commandant a été arrêté par les agents de la Dds. D’après son épouse, cette arrestation est liée à son refus d’interpeller des enfants Hadjarais. Elle indique, en outre, que son époux avait gagné un marché de tenues militaires. «Et c’est quand il est allé prendre sa part du marché qu’il a été arrêté, témoigne la veuve. Mais, pour avoir une idée claire sur les raisons de l’arrestation de mon mari, je suis allée voir Idriss Deby qui était le chef d’Etat-major du Président Habré. Il m’a dit : «Qui t’a dit que ton mari a été arrêté ? » Et après s’être entretenu avec un homme au bout du fil, il m’a dit de rentrer et que mon mari allait me suivre à la maison», livre la dame à la barre.

Ensuite, le commandant avait rejoint son domicile après cette intervention de Idriss Deby. Il traînait déjà une blessure au bras. «Quand je lui ai demandé qui l’avait blessé, il m’a rétorqué que c’était mon oncle (allusion à Hissein Habré) parce qu’il voulait intervenir pour les enfants Adjarais. C’est ainsi que Habré, relate-t-elle, lui a dit : «Si cela ne te plaît pas tu les suis et puis il a écrasé la cigarette qu’il fumait sur lui.» C’est ça qui est à l’origine de sa blessure», poursuit Zeinaba Ciré Bogoto.

Cette libération entrevoyait des lendemains plus troubles pour le gendarme. Il sera arrêté en novembre 1987 sans raison. Lors de cette seconde arrestation, explique sa femme, le commandant lui envoyait des messages sur des boîtes de cigarettes. Dans le premier message, il lui avait demandé d’aller voir Goukini Korei afin qu’il intercède auprès de Habré pour qu’il recouvre la liberté. Dans le deuxième message, poursuit-elle, il avait demandé des médicaments pour soigner un hoquet. Avant l’arrivée des médicaments, il n’était plus dans sa cellule. Cette absence annonçait une fin tragique : Le 21 avril, la famille a reçu un appel anonyme annonçant la mort du commandant Guéliam. L’info ne l’avait pas convaincue. Mais, elle sera fixée définitivement quelques heures après. «Quelqu’un est venu nous informer que Guéliam était mort», se rappelle-t-elle.

Ministre de la Santé à l’époque, Otika Guirina, qui avait des liens de parenté avec la famille du commandant, était allé voir Habré pour récupérer le corps. «Quand j’ai vu mon mari, je suis tombée. Il était méconnaissable. Il avait une tête tuméfiée, des yeux exorbitants et une peau qui commençait à s’enlever», a raconté le témoin. Elle n’était pas au bout de ses peines. Elle dit : «Mon mari a été enterré puis déterré et amenée à la base où ils (les hommes de Habré) l’ont nettoyé avant de le remettre à sa famille.» Pourtant, le certificat de genre de mort explique son décès par la méningite. «C’est faux ! Il n’est pas mort de méningite», insiste la dame qui répondait à une question du Parquet général. «De quoi serez mort votre mari», reprend le procureur. «Il est mort des suites de torture», insiste-t-elle. Et elle se tourne vers Habré : «Pourquoi tu as tué mon mari ?» Elle ne connaîtra jamais la réponse. Avec le quotidien

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2 décembre 2015 3 02 /12 /décembre /2015 13:43
Décédé avant son témoignage : Adimatcho Djamal ne reverra pas Habré

Adimatcho Djamal, une des présumées victimes du régime de Habré, ne pourra plus jamais apporter son témoignage devant la Chambre d’assises extraordinaire. Il est décédé ce samedi au Tchad des suites d’une longue maladie. Adimatcho était paraplégique, les juges l’avaient programmé jeudi dernier pour recueillir son témoignage par visioconférence.

Adimatcho Djamal est décédé ce samedi au Tchad. Cet homme est une présumée victime du régime de l’ex-Président Hissein Habré. Il s’était constitué partie civile pour le procès de l’ex-homme fort du Tchad ouvert à Dakar le 20 juillet dernier. Adimat­cho Djamal était même programmé jeudi dernier pour les besoins de son audition par visioconférence. Mais, regrette son avocate Me Jacqueline Moudeina, des soucis techniques du côté de Ndjamena ont empêché son audition.

Dans le nouveau calendrier du procès de Habré, le défunt était reprogrammé pour le 7 décembre mais la mort a eu raison de sa longue maladie. En réalité, Adimatcho était devenu paraplégique, il ne pouvait plus se tenir debout. «Il était cloué au lit et ne pouvait même pas se retourner ou s’asseoir», témoigne Clément Abaifou­ta, président de l’Association des victimes de crimes du régime de Hissein Habré. C’est pourquoi, précise Me Moudeina, la Chambre avait décidé de le faire témoigner par visioconférence depuis le Tchad. Déjà lors d’une des Com­missions rogatoires internationales à Ndjamena, son avocate avait demandé et obtenu une dérogation auprès de la Commission d’instruction pour que les enquêteurs se rendent chez lui afin de recueillir sa déposition.

Aujourd’hui, l’Association des victimes des crimes du régime de Hissein Habré perd un de ses membres. «Malgré le fait qu’il était cloué et condamné sur son lit et malade, pendant 25 ans, il nourrissait l’espoir un jour de se retrouver devant un tribunal, de témoigner et de réclamer justice mais Dieu en a décidé autrement», se lamente Clément Abaifouta.

Adimatcho Djamal était le maire de la ville de Kélo, une localité située au Sud du Tchad au moment de son arrestation en 1985. Il a été gardé une semaine dans cette ville avant d’être transféré à Ndjamena. «En prison, il a été torturé et c’est à la suite de ces tortures qu’il était devenu paraplégique», soutient Clément Abaifouta qui précise qu’ils étaient libérés ensemble. «A sa sortie de prison, Adimatcho ne pouvait pas marcher. Il avait été transporté sur une brouette jus­qu’à sa maison», révèle le président de l’Avcrhh. D’après les explications de Abaifouta, ce n’était pas la fin de son calvaire. Ses femmes et ses enfants l’avaient aussi quitté.

Malgré tout, Adimatcho s’était accroché à la vie et le procès était son seul espoir. Il voulait venir témoigner et réclamer justice. Adimatcho retrouve le cercle des disparus dans cette «longue marche vers la justice» : Sabadet Totodet, ex-secrétaire général ad­joint de l’association de l’Avcrhh, Masrangar Riram, Charfa­dine Nabis et Amino Adjo. GRAT avec Quotidien

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30 novembre 2015 1 30 /11 /novembre /2015 07:06
Procès Habré : Gadjibati Romain, un ancien pilote «enfermé dans l’avion »

(Photo illustrative)/. Les Chambres Africaines Extraordinaires (CAE) ont reçu le témoignage d’un mécanicien et ancien pilote de l’armée de l’air tchadienne, Gadjibati Romain, emprisonné en 1989 à cause d’une panne d’avion.

"J’ai rendu d’énormes services au président, Hissène Habré.

On a tout le temps voyagé ensemble", a souligné, Gadjibati Romain mécanicien et pilote d’avion dans l’armée de l’air tchadienne.

"Hissène Habré qui donnait tous les ordres quand l’avion militaire devait décoller avait demandé qu’on nous mette en prison parce que l’appareil qu’on conduisait avait eu des problèmes techniques", a-t-il indiqué.

Revenant sur les circonstances de son arrestation, il a expliqué qu’"on devait acheminer du matériel électoral à Abéché, Iriba et Mongo. Après la première étape, l’avion a connu des problèmes techniques au niveau des ailes et ne pouvait plus décoller".

Pourtant, a-t-il ajouté, "j’avais demandé qu’on nous affecte un avion beaucoup plus léger pour pouvoir aller dans les zones difficiles car les conditions climatiques n’étaient pas des meilleures. Mais on ne nous a pas écouté".

Trois jours après les faits, a raconté M. Romain, lors d’une réception au palais, le président Hissène Habré m’a dit : "vous voulez détruire l’avion très cher. Jetez les en prison, ils vont construire des huttes pour mes parents".

De là bas, "on nous a amené dans une prison de la ville puis à 1300 kilomètres de Ndjamena dans un désert pour nous enfermer dans une grotte pendant six mois", a encore affirmé le témoin du jour.

La victime se dit très traumatisée par son emprisonnement.

"J’oublierai cette période de ma vie quand je serai sous terre"

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27 novembre 2015 5 27 /11 /novembre /2015 18:06
Procès HABRE : Le témoin de Déli déroule  « septembre noir »

Ngarhamnodji Doummandé est l’un des rares témoins de la tuerie en masse des rebelles Codos intervenue à Déli en septembre 1984 alors qu’ils espéraient intégrer les rangs de l’armée régulière. Hier, devant la barre des Chambres extraordinaires africaines (Cea), le témoin parle d’une « tuerie collective savamment orchestrée » par les autorités de l’armée tchadienne de l’époque.

Ngarhamnodji Doummandé, ancien adjoint au chef de la ferme de Deli, était hier devant la Chambre extraordinaire africaine (Cea) à titre de témoin. Il dit faire partie des rares témoins oculaires de la tuerie en masse de combattants Codos. En Septembre 1984, Ngarhamnodji Doummandé a vu débarquer des dissidents Codos à la ferme agricole de Deli. Ils en font un lieu de cantonnement. Ils étaient venus, disaient-ils, sur demande des autorités gouvernementales pour intégrer les différentes unités de l’armée régulière. En sa qualité de responsable adjoint de la ferme agricole, il note qu’il n’avait pas auparavant eu vent de cette information.

Toutefois, des militaires armés et enturbannés ont par la suite rejoint les lieux. «Les soldats encerclent les bâtiments de la ferme. Ils se rapprochent de quelques responsables des Codos, leur demandant de remettre leurs armes. Ces responsables refusent de respecter la consigne. C’est ainsi qu’une altercation éclate», révèle-t-il devant la barre. Les militaires ouvrent alors le feu. Ils tirent sur tout ce qui bouge. Les Codos n’étaient pas suffisamment armés pour apporter la riposte à la mesure de l’attaque. Seuls les responsables, qui n’excédaient pas le nombre de dix, disposaient d’armes sur eux, a dit le témoin.

Selon lui, le gouvernement tchadien n’avait nullement pris la peine d’informer sur la campagne de recrutement des rebelles dans les rangs de l’armée régulière. Les autorités administratives de la localité de Deli n’étaient pas présentes sur les lieux où étaient parqués les Codos. «Si l’armée était animée par de bonnes intentions, les autorités administratives seraient venues comme cela était d’usage », a dit le témoin. A ses yeux, les militaires avaient prémédité leur forfait.

Ngarhamnodji Doummandé note qu’après avoir éliminé les Codos armés, les militaires ont poursuivi le carnage. «Ils ne voulaient pas que témoin», a-t-il dit. Poursuivant son témoignage, il renseigne que « toutes les personnes qui se trouvaient dans la maison de fonction située dans la ferme ont été éliminées. En tout, douze personnes qui n’avaient rien à voir avec les Codos sont tuées », note-t-il. «Les militaires n’ont épargné personne dans leur furie aveugle », a-t-il regretté.

Un accord qui tourne mal

Les cadavres des Codos sont restés sur place six jours durant. A l’origine du campement dans la ferme du Deli, les Codos auraient passé un accord avec le gouvernement. Il s’agissait pour ces forces rebelles repliées dans la forêt de déposer les armes. En retour, les combattants se verraient ainsi intégrer dans les rangs de l’armée régulière. Le témoin répondant à une question d’un membre du parquet est d’avis que « les militaires ont agi sur instruction des autorités gouvernementales », a-t-il dit. Les Codos étaient pour l’essentiel des militaires qui ont déserté les rangs de l’armée régulière de l’Etat du Tchad.

Dans leur modus opérandi, ils tendaient souvent des embuscades aux militaires restés dans l’armée républicaine. Partant de ce constat, l’avocat de la défense Mbaye Sène a tenté de mettre en avant l’implication des populations locales dans les agissements des Codos. C’est ainsi qu’à travers des questions pièges, il demande au témoin s’il connaissait personnellement des rebelles Codos. Ce dernier, en réponse, affirme n’en connaître aucun. L’avocat reproche au témoin d’avoir laissé les Codos s’installer irrégulièrement dans la ferme. Il était tenu, selon l’avocat, d’informer les autorités pour que celles-ci viennent s’enquérir de la situation.

En réponse, le témoin Ngarhamnodji Doummandé informe que c’est l’adjoint au préfet de la localité qui avait demandé à ce que les Codos soient logés à la ferme de Deli. En outre, le témoin affirme que seuls les militaires ont tiré des coups de feu. Me Mbaye Sène de demander au témoin comment est-il parvenu à reconnaître les détonations. Le témoin a beaucoup parlé des Mas 36 faisant référence aux armes utilisées par les rebelles Codos. « Un simple crépitement des armes vous a permis de faire la différenciation », a alors demandé l’avocat. Il rajoute à l’intention du témoin : « Vous ne pensez pas en connaître trop pour un simple citoyen ? ». Sous-entendant que le témoin pourrait éventuellement avoir apporté du soutien au groupe rebelle

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