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Groupe de Reflexion et d'Action pour le Tchad
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18 août 2015 2 18 /08 /août /2015 10:53
Tchad : dot ou puits de pétrole ?

Pour épouser une femme de nos jours au Tchad, il faut avoir les poches pleines ou « avoir » un puits de pétrole. Il y a une pratique répandue ces derniers temps à NDjaména, qui consiste à élever plus que de raison le coût de la dot. Pratique qui est en rupture avec les valeurs traditionnelles.

L'argent de la dot qui établit le lien du mariage entre familles est devenu un casse-tête pour les jeunes prétendants. Le coût de la dot a haussé le ton au point de devenir exorbitant et brade la valeur de ce geste symbolique. De 1 à 5 millions, voire 15 millions de FCFA. La mode aujourd’hui, c’est que certaines familles exigent que la dot soit payée en devises (Euros ou dollars). Certains hommes n’hésitent pas à s’endetter, à voler, à détourner ou à s’appauvrir pour les beaux yeux de la femme et/ou de la belle-famille voire des ami (e)s… Le « m’as tuvisme » aussi ! Moussadoumbaye Rodard n’a pas dépensé moins de 12 millions pour son mariage. Trois mois après, il est poursuivi pour détournement et est en fuite actuellement.

Dans certaines familles, elle a pris des allures d'une facture globale incluant tous les frais et les dépenses consentis durant l'éducation et la formation de la jeune fille offerte en mariage. Cela implique les frais de scolarisation, de logement, d'habillement et d'alimentation. Et la dot prend davantage l'ascenseur quand la prétendante au mariage a fait des études supérieures. Cette façon de faire peut être considérée comme une déviation par rapport à la culture de la dot selon les rites africains. Les familles qui se complaisent dans cette situation font non seulement montre d'une 'frénésie boulimique' exagérée mais de plus, elles hypothèquent les chances de leur fille d'obtenir une demande en mariage. Kouloum Effira vient de fêter son 39ème anniversaire sans voir l’ombre d’un prétendant. Les potentiels candidats n’osent pas s’approcher de la belle fille car elle coûte l’œil de la tête… Le premier qui s’était ouvert aux parent de Kouloum est reparti déçu… On lui demande 18 millions, tout frais compris (dot, mariage, robe, cadeau, hôtesses, etc) et en TTC.

Et pourtant, s'il faut situer ses origines, la dot est une coutume ancestrale instituée depuis la création du monde et constitue un acte symbolique réunissant les aspirations d'un jeune couple à se passer la corde au cou. Et à l'époque, elle ne nécessitait pas trop d'extravagances en termes d'objets et d'argent à remettre à la famille de la bien-aimée.

Dénaturée au fil des âges, elle est finalement devenue un fonds de commerce, un moyen de faire fortune ou d'apaiser la misère de certaines familles infortunées… de l’arnaque !

Face à une telle situation, le prétendant se sent pressée comme un citron, jusqu’à la dernière goutte de son jus. Quant à la jeune femme victime de ce mercantilisme, elle encourt le risque de coiffer Sainte Catherine, c'est-à-dire, de demeurer célibataire après l'âge de 30 ans, compte tenu de la conjoncture économique actuelle.

D'après notre enquête, les tenants de cette pratique de la dot exorbitante soutiennent que c'est un moyen qui permet d'organiser le mariage coutumier qui se termine invariablement par une tapageuse fête avec trompettes et tambours.

"Quand tu as l'argent, tu as tout" reprennent en cœur certaines filles de Moursal. Ceci pour dire que celui qui a l'argent, peut tout se permettre. Or, l'argent réputé bon et mauvais serviteur à la fois, comporte en lui-même les germes de la dépravation et peut pousser une personne à creuser sa propre tombe.

La cupidité de certaines familles les mène à la dérive. Aussi cette boulimie incontrôlée d'argent fait que les hommes qui en ont deviennent arrogants, présomptueux et multiplient les conquêtes sous prétexte d'être en mesure de s'acquitter de la dot. Certains se permettent les bêtises les plus inimaginables. C’est le cas de Toidom Toubngar qui après avoir épousé la grande sœur, attire la petite sur le même lit avant de « baratiner » la tante de la même façon…

Par conséquent, bon nombre de filles se retrouvent dans des foyers polygames où elles ne bénéficient d'aucune considération de la part de leurs maris. Avec la conjoncture économique difficile qui sévit, trouver un travail adéquat et surtout rémunérateur est devenu une mer à boire pour tout jeune en âge nubile.

Faute de pouvoir constituer la dot revendiquée par la famille de leur dulcinée, les jeunes gens se complaisent dans la fameuse formule "coup payant". Ce qui signifie littéralement "Chercher les prostituées" ou l'union libre. Ainsi, des couples informels se constituent et prennent de l'ampleur sans que les familles des conjoints aient voix au chapitre.

A trop vouloir maximiser le gain ou le profit, on arrive à tout gâcher ou à tout perdre. La femme est le socle de la société. De ce fait, il est impérieux qu'elle soit respectée et valorisée. Toute pratique dégradante liée à une quelconque instrumentalisation de sa personne doit par conséquent être bannie. Elle doit être valorisée par le mariage. Meurdé avec le texte de SHM

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