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Groupe de Reflexion et d'Action pour le Tchad
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11 septembre 2015 5 11 /09 /septembre /2015 08:15
Procès: Alingué et Facho Ballam enterrent Habré dans le trou de la DDS

Alingué Bawoyeu

Le diplomate tchadien Jean Alingué Bawoyeu, appelé à témoigner devant le tribunal spécial jugeant l’ex-président Hissein Habré, a livré jeudi un témoignage à charge contre la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS), qui est présumée avoir fait de nombreux morts au Tchad.

M. Bawoyeu a répondu aux questions des membres du tribunal chargé de juger M. Habré pour "crimes de guerre, crimes contre l’humanité et actes de torture", des délits que l’ancien chef d’Etat aurait commis en dirigeant le Tchad de 1982 à 1990.

"La DDS a joué un rôle dans la répression, sous l’autorité de Habré. Pour moi, la DDS est un organe sécuritaire qui a joué le rôle qu’on a voulu" lui confier, a déclaré l’ambassadeur du Tchad aux Etats-Unis, de 1974 à 1976.

Le diplomate doublé d’homme politique, devenu opposant, puis allié de Hissein Habré de 1986 au départ de ce dernier du pouvoir, en décembre 1990, a concentré son témoignage sur la DDS, une "police politique" de sinistre réputation.

Il soutient que des membres de sa famille ont été victimes d’"exactions" commises par la DDS, qui était sous la tutelle de l’Etat tchadien. "J’ai deux parents qui ont été assassinés par la DDS lorsque j’étais en exil, parce que simplement ils étaient mes parents", a témoigné Jean Alingué Bawoyeu, ancien président de l’Assemblée nationale et du Conseil constitutionnel du Tchad.

"C’est trop dire", a-t-il répondu au parquet du tribunal spécial jugeant Hissein Habré, lorsqu’il lui a été rappelé le rôle d’"homme du système Habré" qu’il aurait été.

"Tout le monde craignait la DDS, qui travaillait avec le président de la République. J’étais au courant de son existence, mais j’ignorais tout de son fonctionnement", a poursuivi M. Bawoyeu, qui est âgé maintenant de 78 ans.

Il a par ailleurs dit au tribunal que, le 30 novembre 1990, peu avant son départ précipité du pouvoir, Hissein Habré a reçu "près de 3,5 milliards de francs CFA du Trésor public" tchadien, en plus d’"autres prélèvements".

Jean Alingué Bawoyeu sera encore interrogé à la prochaine audience prévue vendredi, à 9h. Il va surtout répondre, cette fois-ci, aux questions des avocats de la défense.

Ballam Faustin Facho

Un ancien membre du gouvernement tchadien a décrit jeudi « un pouvoir absolu, tribal » sous le régime de Hissène Habré (1982-1990), devant le tribunal spécial africain qui juge le président déchu à Dakar.

Comme depuis l’ouverture des débats, le prévenu refuse de s’exprimer devant ce tribunal qu’il récuse, seuls ses trois avocats commis d’office, avec lesquels il refuse tout contact, tentant d’assurer sa défense.

« J’étais dans une prison à ciel ouvert parce que suivi par la DDS (Direction de la documentation et de la sécurité, police politique du régime, NDLR) partout. Tous mes mouvements, tous mes déplacements étaient enregistrés », a témoigné Faustin Facho Balaam, secrétaire d’État au Plan et à la Coopération de 1988 à 1990.

« En Conseil des ministres, les questions de fond n’étaient pas discutées. On ne contestait rien. Une fois que le président a dit ça, c’est ça», a expliqué M. Facho Balaam, membre d’une formation d’opposition, entré au gouvernement après l’accord de réconciliation signé à Bagdad en 1988 et actuellement réfugié politique en France.

« Il y avait un mépris total des collaborateurs », a souligné l’ancien secrétaire d’État, se demandant si « Habré ne se considérait pas comme un demi-dieu. On avait affaire à un pouvoir absolu, tribal ».

« On a tué dans tous les groupes ethniques. C’est une période terrifiante qui nous marque et qui marque encore les Tchadiens », a-t-il souligné.

Le procès devant les Chambres africaines extraordinaires (CAE), tribunal spécial créé en vertu d’un accord entre le Sénégal et l’Union africaine (UA), s’est ouvert le 20 juillet et a été ajourné de 45 jours dès le lendemain pour permettre aux avocats commis d’office pour assurer la défense de prendre connaissance du dossier.

En détention depuis deux ans au Sénégal, où il a trouvé refuge en décembre 1990 après avoir été renversé par l’actuel président tchadien Idriss Deby Itno, il est poursuivi pour « crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture ». S’il est reconnu coupable, il encourt jusqu’aux travaux forcés à perpétuité.

La répression sous son régime a fait 40.000 morts, selon les estimations d’une commission d’enquête tchadienne.

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