Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Groupe de Reflexion et d'Action pour le Tchad
"Un blog Indépendant qui va au délà de l'actualité"

Tel: 00221 77 545 27 63/ kodjeteke@yahoo.fr /grattchad@yahoo.fr

                                             « Informer sans tabous et sans mensonges »

22 décembre 2015 2 22 /12 /décembre /2015 08:07
40 ans de guerre au Tchad, de Tombalbaye à Déby

Le 13 avril 1975 est renversé et tué François Tombalbaye, le premier président du Tchad, colonie de l’Afrique équatoriale française (AEF) devenue indépendante le 11 août 1960. C’est le début d’un long cauchemar dont le pays et ses populations tardent à sortir.

Une colonie délaissée

La région du lac Tchad a donné le jour à différents royaumes sahéliens avant d’être conquise par les Français le 22 avril 1900, sous la conduite du commandant François Lamy. Elle devient une colonie constitutive de l’Afrique Équatoriale Française (AEF).

L’administration coloniale tente de désenclaver la région en développant des cultures d’exportation comme le coton et l’arachide. Libérées de l’oppression des nomades musulmans du Nord, une partie des populations sédentaires du Sud adoptent par ailleurs le christianisme.

En 1935, le président du Conseil Pierre Laval signe avec l’Italien Benito Mussolini un accord qui prévoit la cession de la bande d’Aozou à l’Italie, alors présente en Libye. Cet accord ne sera finalement pas ratifié du fait de l’alliance de Mussolini avec Hitler mais le dictateur libyen Mouammar Kadhafi en tirera plus tard prétexte pour revendiquer le nord du Tchad et intervenir dans ce pays.

En 1938, le gouvernement du Tchad est confié à un Français de Guyane, Félix Éboué. Deux ans plus tard, suite à l’occupation de la France par la Wehrmacht, il sera le premier gouverneur français à se rallier au général de Gaulle et c’est du Tchad que partira la colonne Leclerc, pour une remontée triomphale jusqu’à Paris et Strasbourg.

En 2012, avec 12 millions d’habitants sur 1,2 millions de km2 essentiellement désertiques, le Tchad est encore l’un des pays les plus pauvres du monde malgré le pétrole dont l’exploitation a débuté en 2003.

Toubous du Nord contre Noirs du Sud

François Tombalbaye, 1er président du Tchad (15 juin 1918 ; 13 avril 1975)Issu des populations du sud, animistes ou chrétiennes, François Tombalbaye a dû faire face à une rébellion des Toubous musulmans de la frange sahélienne, minoritaires et écartés du pouvoir par l’ancien colonisateur.

Ces guerriers nomades à la peau relativement claire, aussi appelés Goranes ou Zaghawas, méprisent les « Noirs » de la forêt, les Sara, qu’ils avaient coutume de razzier et réduire en esclavage avant la colonisation.

En août 1968, la France a engagé ses propres troupes dans la lutte contre la rébellion. Pour tenter de restaurer son prestige, le chef de l’État a aussi inauguré en 1973 la « tchaditude » et rebaptisé la capitale Fort-Lamy du nom de N’Djamena. En vain…

Le 21 avril 1974, l’ethnologue Françoise Claustre est enlevée par les chefs toubous Goukouni Oueddei (30 ans) et Hissène Habré (32 ans). Ce dernier a étudié les sciences politiques à Paris et beaucoup fréquenté les milieux gauchistes avant de devenir sous-préfet dans son pays.

L’exécutif français, sous l’intérim d’Alain Poher, tarde à réagir à l’enlèvement de Françoise Claustre. Le nouveau président français Valéry Giscard d’Estaing envoie finalement le commandant Pierre Xavier Galopin en mission de bons offices mais ce dernier est séquestré et exécuté de façon sauvage le 4 avril 1975 par les hommes d’Hissène Habré. L’ethnologue est quant à elle libérée.

Triomphe nordiste

Le général Félix Malloum succède à François Tombalbaye. Mais il est renversé par Goukouni Oueddei le 23 mars 1979. Les Toubous musulmans s’adjugent dès lors tous les pouvoirs au détriment des populations noires du Sud.

La France s’en accommode mais, quand Goukouni Oueddei projette une fusion du Tchad avec la Libye du colonel Kadhafi, elle apporte son soutien au coup d’État de son Premier ministre Hissène Habré, le 7 juin 1982.

Brutal et sanguinaire, le nouveau président mène une guerre impitoyable contre son rival réfugié dans le Nord.

Goukouni Oueddei peut compter sur l’aide de Mouammar Kadhafi et Hissène Habré sur celle de François Mitterrand et de l’armée française, dans le cadre de l’opération Manta.

Hissène Habré est à son tour renversé par Idriss Déby le 1er décembre 1990. L’ancien étudiant parisien, auquel on attribue plusieurs milliers d’exécutions sommaires et de tortures, attend aujourd’hui au Sénégal une improbable condamnation pour crimes contre l’humanité.

Idriss Déby va enfin stabiliser le pays en forgeant une armée dévouée et redoutable, composée de guerriers sahéliens autrement plus combatifs que leurs « compatriotes » du Sud. Il va libérer le Tchad de l’emprise libyenne et récupérer la bande d’Aozou. Un quart de siècle plus tard, toujours sous sa poigne, cette armée va faire ses preuves en Centrafrique comme au Nigéria, face à la secte Boko Haram… Source : Herodote

Partager cet article
Repost0

commentaires