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Groupe de Reflexion et d'Action pour le Tchad
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23 juillet 2011 6 23 /07 /juillet /2011 10:29

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Aujourd'hui 23 juillet, cela fera exactement un mois que des partis politiques sénégalais et des organisations de la société civile contraignaient le chef de l’Etat Abdoulaye Wade à battre en retraite dans son projet de ticket présidentiel. Ceux qui ont fait plier Gorgui (vieux en wolof), que l’on dit inflexible de nature, tiennent à marquer l’événement. A cet effet, le Mouvement du 23 juin (M23), un regroupement d’anti-Wade, compte organiser une manifestation à la Place de l’Indépendance, au cœur de Dakar, le 23 juillet, pour dire haut et fort son opposition et son rejet de la candidature de Wade à l’élection présidentielle du 26 février 2012.

Mais cette activité risque de ne pas se dérouler comme prévu. En effet, le ministère de l’Intérieur sénégalais a fait savoir hier 21 juillet que la manifestation du M23 au centre de Dakar est interdite pour « des raisons de sécurité ». Faisant d’une pierre deux coups, le ministre Ousmane Ngom a averti que « tout manquement sera puni ». Au moment où nous tracions ces lignes, en début d’après-midi d’hier, nous n’avions pas encore connaissance d’une quelconque réaction du Mouvement du 23 juin face à cette interdiction.

Si fait que l’on ne savait pas s’il allait passer outre l’interdiction de manifester au centre de la ville, dans le périmètre des institutions comme la Présidence de la république et l’Assemblée nationale, ou s’il allait se conformer à l’interdiction et tout annuler. Ou, tout simplement, s’il allait modifier son programme vu qu’il lui est laissé la possibilité de manifester ailleurs. Toutefois, on peut être sûr que la journée du 23 juillet ne sera pas ordinaire.

En effet, comme s’ils savaient que le pouvoir n’allait pas les laisser faire ce qu’ils veulent, les responsables du mouvement ont prévu un plan B qui sera mis en œuvre en cas d’interdiction. Seulement, ils n’ont pas voulu dire mot pour des "raisons stratégiques". On ne sait donc pas, avant le jour-J, à quoi va consister ce plan B à partir du moment où une mesure d’interdiction de manifester au centre ville a été prise. Ledit plan donnera-t-il lieu à un passage en force comme on l’a vu le 23 juin dernier au niveau de l’Assemblée nationale ? Ou bien, assistera-t-on à une manifestation dans un autre lieu, l’essentiel étant de faire passer le message d’opposition à une troisième candidature de Wade à la magistrature suprême ? Mais à en juger par la détermination des "tout sauf Wade" et leurs différentes déclarations, la journée du 23 juillet est à redouter. Les frondeurs ne tiennent apparemment pas à se laisser intimider.

Et avec ou sans autorisation, ils ne renonceront pas à leur manif à la Place de l’Indépendance, leur place Tahrir, avec tous les risques d’affrontement avec les forces de l’ordre qui, inévitablement, seront déployées pour faire respecter la mesure d’interdiction. Ils ne donnent pas l’air d’être découragés après avoir été empêchés, une première fois, le 9 juillet, de tenir un meeting dans un stade. Paradoxalement, l’interdiction pourrait les galvaniser, étant donné que le ministère de l’Intérieur n’a pas été juste en n’interdisant pas un meeting du pouvoir prévu dans l’après-midi du même 23 juillet à Dakar devant le siège du Parti démocratique sénégalais.

Une manifestation à laquelle Abdoulaye Wade, en principe, prendra part pour réaffirmer, devant des partisans chauffés à blanc, sa candidature controversée à la présidentielle de 2012. Un poids deux mesures qui ne manquera pas d’irriter le camp d’en face que l’on considère, sans le dire explicitement, comme des casseurs, des personnes incapables de manifester pacifiquement. Trop souvent malheureusement, les gouvernements africains ont la fâcheuse habitude de jeter des milliers de partisans et populations dans la rue pour légitimer leurs turpitudes .

Une forte mobilisation n’est pas forcément le signe qu’on est sur le droit chemin, loin s’en faut. Les gouvernants devraient en prendre conscience. Bien plus, ils devraient avoir l’humilité nécessaire qui leur ouvre les yeux et les empêche d’aller droit dans le mur à des moments cruciaux de la vie de la nation.

Séni DABO

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