« Les musulmans du sud du Tchad soutiennent Boko Haram. »

Villages pillés, population mâle massacrée, femmes et jeunes filles enlevées. L’actualité éclaire un peu plus la communauté internationale sur les pratiques du mouvement Boko Haram au Nigeria. Bernard Lugan, historien spécialiste de l’Afrique, assure que « Boko Haram ne s’en tient pas au Nigeria »…

D’où vient ce mouvement Boko Haram?

Bernard Lugan: « C’est un mouvement fondamentaliste musulman, né en 2002, héritier du sultanat de Sokoto. Il y a une dizaine d’années, le rapport de force s’est inversé: les sudistes ? plutôt chrétiens ? accédant au pouvoir, Boko Haram a trouvé un soutien grandissant auprès des populations musulmanes de tout l’est du pays, au Nord Cameroun et désormais aussi au sud du Tchad. »

Que signifie « héritier du sultanat de Sokoto? »

Bernard Lugan: « Ce sultanat djihadiste s’était fait une spécialité de la traite négrière sur les populations du Sud. Les Britanniques en vinrent à bout, non sans mal, au XIX siècle. La traite européenne a cessé à la fin du XVIII siècle, les traites interafricaine et musulmane ont continué jusqu’à la colonisation. Boko Haram a donc repris la pratique esclavagiste, mais n’oublions pas les centaines de femmes enlevées par le FIS et le GIA islamiques durant la guerre civile algérienne des années quatre-vingt-dix, ni celles qui le sont encore aujourd’hui en Syrie. » Propos recueillis par Bruno Besson