Cinq sèches lettres noires
Qui claquent sinistrement
Telle une guillotine qui s’abat !
Tchad !... Tchad !... TCHAD !
Mot éternellement écourté, rapetissé !
Ligne rouge, ligne bleue
autres farces en fosses communes !
FAT, FAN, FANT, GUNT……..
Kyrielle pétaradante de mots-balles-de-kalachnikov
de sigles galvaudés
Chapelet clinquant de perles à têtes de morts enturbannées
Chapelet ridicule de coalitions fumistes en Ray ban noires
Ballet fade de gros parleurs à mallettes-à-remplir dans les gueuloirs climatisés,
Théâtre macabre des anthropophages du peuple tchadien exsangue
Peuple-à-baluchons, regard tourné vers Kousseri-le-refuge
Après que le péage à morts du fleuve Chari ne donne son visa
Charriant des morts qui ne voulaient plus de la vie
Tchad rouge comme le feu
Tchad noir comme la mort
Lisette, Tombalbaye, Dicko, Malloum, Goukouni, Habré
Tous, bouffeurs d’hommes !
Qui vous permet ?
On m’annonce un troisième homme ?
Et que je le trouve, le troisième homme
Et trois milliards de fois, l’on vous trouvera le quatrième homme
Et voleront encore plus bas les charognards
Tchad au triste sort
Tchad emmailloté
Tchad cancérisé
Tchad inguérissable
Au chevet de ton grabat
Rotant de cynisme tes croquemorts insatiables
Pires que des piranhas bredouilles depuis vingt ans !
Lamine SAMB : extrait de « Quant à moi, je me porte bien »