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Groupe de Reflexion et d'Action pour le Tchad
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6 juillet 2011 3 06 /07 /juillet /2011 10:36

Brahim-Deby.jpg

Le procès des cinq hommes accusés d’avoir pris part à l’agression mortelle du fils aîné du président tchadien Idriss Deby a repris ce lundi 4 juillet 2011, à Nanterre, près de Paris. Chacun des accusés a sa version sur les circonstances du meurtre. Brahim Deby, 27 ans, a été assassiné dans le parking de son immeuble, à Courbevoie, à l’ouest de Paris, le 2 juillet 2007.

Dans le box des accusés, quatre personnes qui comparaissent pour « vol avec violence ayant entraîné la mort sans intention de la donner » et, à côté, une cinquième qui comparaît libre. Deux des accusés ont d’ores et déjà reconnu les faits et disent le regretter : Dan Batoua et Jaime de Carvalho Vaz avouent qu’ils étaient dans le parking de l’immeuble de Brahim Deby, la nuit de son agression mortelle et avouent également qu’ils sont montés dans son appartement pour chercher de l’argent, qu’ils n’ont, par ailleurs, pas trouvé.

Marin Ciorianou nie, quant à lui, catégoriquement avoir participé au projet et à l’agression de la victime malgré l’insistance du président du tribunal Jean-Pierre Getti et des deux accusés qui ont reconnu les faits et qui l’accusent d’avoir participé à l’agression.

Le quatrième, Pierre-Claude Messi Ntsama, était un ami de Brahim Deby ; il est poursuivi pour avoir fourni des renseignements sur les habitudes de la victime et jugé pour « complicité ». Il était à Londres la nuit de l’agression mais le président du tribunal a insisté sur sa responsabilité d’avoir, en quelque sorte, suscité l’agression, en disant aux futurs agresseurs que le fils du président tchadien avait beaucoup d’argent liquide dans son appartement. Messi Ntsama ne nie pas mais il se défend d’avoir voulu l’agression de Brahim Deby. Il dit même qu’il a tenté, la veille, de l’avertir d’une possible agression.

Enfin, le cinquième accusé comparaît libre : Najèbe Oulmoudène ne comprend pas comment il s’est retrouvé lié à cette agression de Brahim Deby. Son avocat, Eric Dupont-Moretti, est persuadé que son client est à la place d’un agresseur qui court encore dans la nature.

Les suspects sont âgés de 26 à 29 ans. Le corps de Brahim Deby a été retrouvé couvert de poudre d’extincteur. L’autopsie a montré qu’il est mort asphyxié, après avoir été attaqué avec un pistolet à impulsions électriques Taser.

Les auditions confirment l’hypothèse d’un crime crapuleux Dès l’ouverture du procès, le 28 juin 2011, le président de la cour d’assises, Jean-Pierre Getti, a voulu s’intéresser au train de vie somptuaire du fils du président Deby. Il « cherche à savoir si le mode de vie de Brahim Deby peut expliquer une partie des faits ». Le magistrat mentionne les locations de voiture de luxe, les sommes faramineuses dépensées en boîtes de nuit et restaurants parisiens (pas moins de 20 000 euros la veille de son décès) ainsi que la location d’une villa de luxe à 40 000 euros la semaine, pour des vacances à Saint-Tropez.

De son côté, l’un des avocats de la famille du président tchadien, Me Joseph Cohen-Sabban, a très vite avancé la piste d’un crime crapuleux, mettant en avant l’habitude de Brahim Deby de garder à son domicile des « sommes de cash assez significatives ».

L’enquête a montré qu’autour de lui gravitait une cour de parasites et de pique-assiettes, bien décidée à lui faire les poches. Informé précisément par un de ces profiteurs, l’un des accusés, loueur de voitures en difficulté, est soupçonné d’être la tête pensante. Il aurait recruté trois hommes pour monter son coup et après un repérage des lieux, et aurait planifié l’agression de la victime après une de ses sorties nocturnes très arrosées.

Selon la femme qui accompagnait ce jour-là Brahim Deby, quatre hommes encagoulés l’ont plaqué au sol. Deux d’entre eux sont montés pour fouiller son appartement ; ils n’ont pas trouvé d’argent. Ils n’ont, au final, récupéré que l’argent qu’il avait dans ses poches : 50 000 euros. Une vie tumultueuse et un train de vie luxueux.

Le fils du président tchadien avait pour habitude de passer ses soirées dans des boîtes de nuit et restaurants parisiens où, selon les habitués, le champagne et la cocaïne étaient en abondance et la victime apparaissait toujours accompagnée d’une nuée de jeunes femmes et de profiteurs. Au moment de son décès, Brahim Deby, surnommé le « petit président », jouissait d’une solide réputation de riche noctambule.

Il était également connu des services de police français, entre autres, pour des affaires de stupéfiants. En juin 2006, il a été condamné, par le tribunal correctionnel de Paris, à six mois de prison avec sursis pour « port d’arme » et « détention » de drogue. L’arme qu’il portait avait été transportée dans une valise diplomatique. A l’époque, cette incartade avait provoqué la fureur de son père qui l’avait alors éloigné de son cabinet.

Le procès doit durer jusqu’au 8 juillet 2011 avec un verdict attendu jeudi ou vendredi. La venue du président Deby avait été annoncée la semaine dernière mais selon les explications de l’avocat de la famille, Me Pierre Haik, « le président Deby est retenu en raison d’obligations liées à sa charge ».

Ursula Soares

 

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