REDOUTANT DES ATTENTATS TERRORISTES AVEC LE DÉBUT DU HADJ

Le Royaume déploie ses forces spéciales pour protéger le plus grand rassemblement de fidèles au monde.

L’Arabie Saoudite est en état d’alerte maximale. C’est que le Royaume de la péninsule arabique a un sérieux client: Al Qaîda. L’organisation de Ben Laden prémédite une action spectaculaire à La Mecque. Cette menace qui pèse directement sur le rite musulman du Hadj, est particulièrement prise au sérieux par les autorités de ce pays. En effet, une attaque terroriste d’Al Qaîda est annoncée pour la semaine prochaine, lors du pèlerinage qu’accueille la ville sacrée de l’Islam.
Le ministre de l’Intérieur de l’Arabie Saoudite, qui a déclaré l’état d’alerte en prévision de cette éventuelle attaque, conforte davantage cette lugubre hypothèse. Aussi, les 2,5 millions de musulmans, venus des quatre coins de la planète, effectuent cette année le rite du Hadj sous haute protection policière et militaire. L’Arabie Saoudite qui se proclame le protecteur des vénérables «Haramain», vient d’ériger un imposant dispositif de contrôle des pièces d’identité entre Djedda et La Mecque afin de déjouer toute infiltration suspecte. En outre, les forces de sécurité saoudiennes, appuyées par des hélicoptères et des blindés, ont exhibé des unités spéciales d’intervention rapide. Des dispositions musclées qui visent à protéger le plus grand rassemblement annuel au monde.

Al Qaîda ne s’attaquera pas aux pèlerins à La Mecque

Al Qaîda dans la péninsule arabique (Aqpa) a affirmé, dans un communiqué publié hier, être opposée à toute attaque dirigée contre les pèlerins à La Mecque, en réponse au ministre saoudien de l’Intérieur qui avait dit ne pas exclure une telle action du réseau extrémiste. «Nous assurons à notre nation islamique que nous sommes contre toute action criminelle dirigée contre les pèlerins», a indiqué Aqpa dans un communiqué mis en ligne sur un site islamiste. Le ministre saoudien de l’Intérieur, le prince Nayef ben Abdel Aziz, avait déclaré mercredi, qu’il n’excluait pas une opération d’Al Qaîda pour perturber le pèlerinage annuel de La Mecque, qui doit connaître lundi son temps fort avec une journée de prière sur le Mont Arafat

Le Prince Nayef qui n’a fait part d’aucun chantage ou renseignements particuliers à propos de ce sinistre projet, a toutefois précisé: «Nous n’avons pas à exclure toute possibilité de quelque nature qu’elle soit et qui puisse perturber la sécurité des pèlerins.» Une déclaration bien sensée surtout que la série d’attentats meurtriers perpétrés entre 2003 et 2006 au Royaume sont encore dans les mémoires; alors que l’on sait qu’Al Qaîda est particulièrement active au Yémen voisin. L’organisation de Ben Laden a, en outre, sensiblement repris du poil de la bête et vient d’échafauder bien des scénarios d’horreur, notamment le plan criminel visant Dalil Boubakeur, le recteur de la mosquée de Paris, comme révélé par une source judiciaire française. Ou le colis piégé retrouvé fin octobre dans un avion faisant escale à l’aéroport régional anglais de l’East Midlands, en provenance du Yémen, et qui était programmé pour exploser «au-dessus de la côte Est des Etats-Unis» tel qu’annoncé par la police britannique et Scotland Yard. Ou encore la énième série d’attaques qui a visé tout récemment la communauté chrétienne de Baghdad, faisant six morts et 33 blessés, et suscitant la panique des fidèles. Un forfait perpétré dix jours seulement après le carnage dans une église de Baghdad, à la suite duquel un archevêque syriaque catholique a lancé un appel à la communauté internationale, jugeant que ne pas venir en aide aux chrétiens de son pays serait «criminel». «Depuis mardi soir, il y a eu 13 bombes et deux obus de mortier contre des maisons et des magasins appartenant à des chrétiens qui ont fait au total six tués et 33 blessés», avait-on alors indiqué, tout en signalant également une église endommagée. Presque au même moment, trois maisons appartenant à des chrétiens à Mansour (ouest) ont notamment été la cible d’attentats, qui ont fait trois blessés, dont un enfant de quatre mois, selon le vicaire épiscopal syriaque catholique, Mgr Pios Kasha. Ces attaques intervenaient dix jours après le massacre commis en pleine messe par un commando d’Al Qaîda dans la cathédrale Notre-Dame du Perpétuel secours, où 44 fidèles et deux prêtres ont péri. Cet édifice moderne du quartier de Karrada (centre) porte toujours les stigmates du carnage. Ces nouveaux attentats contre les chrétiens de Baghdad, au même titre que les avertissements des services saoudiens adressés à la France, à la faveur du Mondial de l’automobile de Paris, en octobre dernier, et qui faisait part de possibles attentats sur le sol français, ravivent encore la hantise du pire. Ce sont là autant de faits très actuels qui attestent qu’Al Qaîda, spécialement Al Qaîda Péninsule arabique est sans doute active ou envisage de l’être de la manière la plus spectaculaire qui soit.
L’alerte est plus que jamais prise au sérieux, surtout qu’il s’agit cette fois de préserver la vie de nos pèlerins. Pour un coup médiatique, Al Qaîda pourrait saisir l’aubaine du 5e pilier de l’Islam pour frapper avec sa main sanguinaire, à la Mecque, un théâtre rêvé pour concrétiser ses velléités létales, propres à son effrayante réputation.

Salim BENALIA