Salah Mahmoud Ousma¬ne, Consul Honoraire du Tchad au Sénégal à cœur ouvert

Salah Mahmoud Ousma­ne, Consul honoraire du Tchad au Sénégal, salue le Sédar décerné au Président Idriss Déby. Pour lui, ce prix couronne ses efforts pour la promotion de la paix en Afrique comme l’illustre l’intervention des forces tchadiennes au Mali.

Excellence, le Président Idriss Déby a reçu le prix Sédar de l’année. Que représente ce prix pour lui ?

Il s’agit bien évidemment d’une immense fierté. Il couronne nos efforts  dans la recherche de la paix en Afrique. Aujourd’hui, le Tchad dispose d’une armée structurée et organisée qui est au service de l’Afrique. Donc, ce Sédar est venu dans le contexte où l’Armée tchadienne intervient dans un pays frère qui est secoué par le terrorisme. Je pense que c’est un prix très mérité pour le président de la République.

Vous semblez dire que c’est l’intervention malienne qui explique ce Sédar ?
C’est une intervention qui est tout de même assez importante. Dès qu’on a pris la décision d’intervenir au Mali, le président de la République a pris la décision ferme d’envoyer notre armée aux côtés de nos frères maliens. C’est un acte de haute portée panafricaine. Comme on dit chez nous,  il ne faut pas rester les bras croisés quand la case du voisin brûle. Nous avons été les premiers à être sur le terrain avec un contingent de 1 200 hommes. Nous avons eu des pertes dans nos rangs. Ce qui est toujours pénible.

Comment a-t-il personnellement accueilli ce prix ?
Il a été heureux et très honoré de recevoir ce prix. C’est pour ça qu’il a dépêché une forte délégation qui est venue recevoir le prix. Le ministre de la Défense était là ainsi que le commandant des Forces tchadiennes au Mali. Ce dernier est rentré directement au Mali après la réception du prix. Il a été très satisfait. Ce prix l’encourage à déployer davantage d’efforts pour le triomphe de la paix.

On peut s’attendre à d’autres prix si on voit que le Président est devenu un fervent défenseur de la paix ?
Il faut savoir que le Président n’est pas à la recherche de prix. Il n’est pas demandeur. C’est une structure indépendante (Nouvel Horizon) qui lui a décerné ce Sédar. Nous en sommes bien sûr heureux. Si ces actions dans le domaine de la paix peuvent lui donner d’autres distinctions, il sera ravi de les recevoir. Mais, ces actions s’inscrivent dans la promotion de la paix en Afrique.  

Le Tchad est assez éloigné du Mali. La promptitude avec laquelle vous êtes intervenus a surpris plus d’un alors que des pays de la Cedeao tergiversaient…. Comment expliquez-vous cette capacité de l’Armée tchadienne à répondre présente sur plusieurs théâtres d’affrontement ?
L’Armée tchadienne est très alerte et très professionnelle. Elle est très bien équipée et très entraînée. N’oubliez pas que nous avons connu des moments sombres dans notre pays. Ce qui a permis de capitaliser des expériences de terrain en y mettant les moyens qu’il faut pour avoir une armée moderne et très bien équipée. Le Mali est un voisin. Nous ne pouvions rester là à observer ce qui s’y passait comme si de rien n’était. Le terrorisme est une question internationale. Personne n’est donc à l’abri. A cause de la pauvreté et du chômage, les terroristes arrivent à prospérer dans nos pays. Il faut donc mutualiser nos efforts pour éviter leur triomphe.

L’on a annoncé que le Tchad va quitter le Mali ?
Il y a 500 éléments qui ont commencé à quitter le pays. Mais, nous allons faire partie de la mission des Nations unies au Mali. Notre présence se poursuit encore.

Aujourd’hui, le Tchad est déchiré par une tentative de coup d’Etat présumée avec des arrestations de plusieurs députés et des officiers de l’Armée…
Nous croyions que le Tchad avait fini avec des histoires de coup d’Etat parce que la démocratie fonctionne normalement. Les élections sont organisées normalement, la liberté d’expression est respectée. On a été surpris que des gens malintentionnés essaient de remettre en cause les institutions de la République. Ils ont été arrêtés et bénéficient de toutes les garanties, leurs droits seront respectés. La justice fait correctement son travail.

N’y a-t-il pas une tentative de neutraliser des adversaires politiques ?
Pas du tout ! Les enquêtes continuent. Il n’y a aucune tentative de neutraliser qui que ce soit. Les élections sont programmées, les institutions fonctionnement normalement, la démocratie est là. Il faut aller à la conquête des suffrages si on veut accéder au pouvoir.

Le Président sera-t-il candidat ?

Je ne peux pas répondre à cette question. Les élections sont prévues dans deux ans. Il reste encore du temps.

Excellence, comment se portent les relations entre le Sénégal et le Tchad ?
 Ce sont des relations cordiales et fraternelles. le Consulat a également pour mission d’établir des relations avec les milieux politique, économique, scientifique et socioculturel du Sénégal afin de mieux faire connaître auprès d’eux le Tchad et d’établir ainsi un climat de dialogue et de coopération. Nous avons une communauté qui tourne autour de 1 500 hommes constitués d’étudiants et aussi de travailleurs expatriés. Ils sont très bien intégrés parce que des liens de mariage se sont tissés entre nous. Il y a un quartier sénégalais à Ndjamena.  C’est une preuve de la fraternité qui existe entre les deux pays. Propos recueillis par Bokar sakho