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Groupe de Reflexion et d'Action pour le Tchad
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4 décembre 2015 5 04 /12 /décembre /2015 04:32
Zeinaba Bogoto : «Les hommes de Habré ont tué, enterré puis déterré mon mari»

Devant la Chambre d’assises extraordinaire, Zeinaba Bogoto, épouse d’un commandant de gendarmerie, a servi un témoignage poignant sur les conditions de disparition de son mari durant la règne de Habré.

«Les hommes de Habré ont tué, enterré et déterré mon mari avant de le remettre à sa famille.» Ce sont les mots de Zeinaba Ciré Bogoto, épouse du commandant de la gendarmerie, Guéliam, tué par les agents de la Dds. Elle explique : «Mon mari avait rejoint le camp de Kamougué au Sud du pays lors des dissensions qui ont émaillé le régime de Tombalbaye. Mais quand Hissein Habré a pris le pouvoir en 1982, il s’est approché de ma mère qui était l’amie de Fatima Habré pour lui demander de convaincre mon mari de venir dans son camp», a-t-elle expliqué. Convaincu par ses explications, le commandant Guéliam a rejoint les rangs et a été accueilli par le président du Comité d’accueil et d’insertion. Ensuite, il est nommé Directeur de cabinet du Président Habré. Cette collaboration engendre des relations conflictuelles.

Alors qu’il était sorti avec des amis pour passer du bon temps chez une amie, le commandant a été arrêté par les agents de la Dds. D’après son épouse, cette arrestation est liée à son refus d’interpeller des enfants Hadjarais. Elle indique, en outre, que son époux avait gagné un marché de tenues militaires. «Et c’est quand il est allé prendre sa part du marché qu’il a été arrêté, témoigne la veuve. Mais, pour avoir une idée claire sur les raisons de l’arrestation de mon mari, je suis allée voir Idriss Deby qui était le chef d’Etat-major du Président Habré. Il m’a dit : «Qui t’a dit que ton mari a été arrêté ? » Et après s’être entretenu avec un homme au bout du fil, il m’a dit de rentrer et que mon mari allait me suivre à la maison», livre la dame à la barre.

Ensuite, le commandant avait rejoint son domicile après cette intervention de Idriss Deby. Il traînait déjà une blessure au bras. «Quand je lui ai demandé qui l’avait blessé, il m’a rétorqué que c’était mon oncle (allusion à Hissein Habré) parce qu’il voulait intervenir pour les enfants Adjarais. C’est ainsi que Habré, relate-t-elle, lui a dit : «Si cela ne te plaît pas tu les suis et puis il a écrasé la cigarette qu’il fumait sur lui.» C’est ça qui est à l’origine de sa blessure», poursuit Zeinaba Ciré Bogoto.

Cette libération entrevoyait des lendemains plus troubles pour le gendarme. Il sera arrêté en novembre 1987 sans raison. Lors de cette seconde arrestation, explique sa femme, le commandant lui envoyait des messages sur des boîtes de cigarettes. Dans le premier message, il lui avait demandé d’aller voir Goukini Korei afin qu’il intercède auprès de Habré pour qu’il recouvre la liberté. Dans le deuxième message, poursuit-elle, il avait demandé des médicaments pour soigner un hoquet. Avant l’arrivée des médicaments, il n’était plus dans sa cellule. Cette absence annonçait une fin tragique : Le 21 avril, la famille a reçu un appel anonyme annonçant la mort du commandant Guéliam. L’info ne l’avait pas convaincue. Mais, elle sera fixée définitivement quelques heures après. «Quelqu’un est venu nous informer que Guéliam était mort», se rappelle-t-elle.

Ministre de la Santé à l’époque, Otika Guirina, qui avait des liens de parenté avec la famille du commandant, était allé voir Habré pour récupérer le corps. «Quand j’ai vu mon mari, je suis tombée. Il était méconnaissable. Il avait une tête tuméfiée, des yeux exorbitants et une peau qui commençait à s’enlever», a raconté le témoin. Elle n’était pas au bout de ses peines. Elle dit : «Mon mari a été enterré puis déterré et amenée à la base où ils (les hommes de Habré) l’ont nettoyé avant de le remettre à sa famille.» Pourtant, le certificat de genre de mort explique son décès par la méningite. «C’est faux ! Il n’est pas mort de méningite», insiste la dame qui répondait à une question du Parquet général. «De quoi serez mort votre mari», reprend le procureur. «Il est mort des suites de torture», insiste-t-elle. Et elle se tourne vers Habré : «Pourquoi tu as tué mon mari ?» Elle ne connaîtra jamais la réponse. Avec le quotidien

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