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Groupe de Reflexion et d'Action pour le Tchad
"Un blog Indépendant qui va au délà de l'actualité"

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                                             « Informer sans tabous et sans mensonges »

9 juillet 2011 6 09 /07 /juillet /2011 19:50

Le chef du Parlement sud-soudanais, James Wanni Igga, a annoncé la «déclaration d'indépendance du Sud-Soudan», devant des dizaines de milliers d'habitants et des dizaines de dirigeants étrangers...

Le Sud-Soudan a proclamé son indépendance ce samedi à Juba, sa capitale, devant des dizaines de milliers de Sudistes et un parterre de dirigeants africains et étrangers, devenant la plus jeune nation au monde et divisant le plus grand pays d'Afrique en deux.

C'est le chef du Parlement sud-soudanais, James Wanni Igga, qui a annoncé la «déclaration d'indépendance du Sud-Soudan», devant des dizaines de milliers d'habitants en liesse. Le Sud à majorité chrétienne se sépare ainsi du Nord musulman après des décennies de guerre qui ont fait des millions de morts. «Nous, les représentants démocratiquement élus du peuple, en se basant sur la volonté du peuple du Sud-Soudan, et comme l'ont confirmé les résultats du référendum sur l'auto-détermination, proclamons par la présente le Sud-Soudan une nation indépendante et souveraine», a-t-il dit.

Salva Kiir, premier président du Sud-Soudan

La déclaration d'indépendance souligne le caractère multi-ethnique et multi-religieux du nouvel Etat démocratique et son engagement à des relations «amicales» avec tous les pays y compris «la République du Soudan», a ajouté M. Igga. Le nouveau drapeau du Sud-Soudan a ensuite été hissé au milieu d'applaudissements et de cris de joie, mais aussi de pleurs. Salva Kiir a ensuite prêté serment en tant que premier président du Sud-Soudan, un pays sous-développé comptant parmi les plus pauvres du monde.

Placée sous haute sécurité, la cérémonie se déroulait au mausolée de l'ex-dirigeant rebelle sudiste John Garang à Juba, la capitale du nouvel Etat. John Garang a trouvé la mort dans un accident d'hélicoptère en 2005, peu après la signature de l'accord de paix entre nordistes et sudistes. La cérémonie a débuté avec les sermons de deux dignitaires religieux, l'un musulman et l'autre chrétien, avant une parade militaire.

«Que Dieu nous offre la joie pour tout notre peuple», a dit l'archevêque catholique Paulino Lokudu. «Aujourd'hui, nous nous souvenons et nous prions pour tous ceux qui ont été solidaires de nous durant les longues années de guerre», a-t-il dit, appelant à une «nouvelle entente» et une coopération entre les deux «nations voisines». L'«invité de marque» était le président soudanais, le nordiste, Omar el-Béchir, sous le coup de mandats d'arrêt internationaux pour génocide et crimes contre l'humanité au Darfour, une région de l'ouest du Soudan toujours en proie à la guerre civile.

«Un jour historique»

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon participait aussi aux célébrations, de même que des représentants des Etats-Unis, de Grande-Bretagne et de France notamment. Le président américain Barack Obama a annoncé dans la foulée la reconnaissance officielle par les Etats-Unis de la nouvelle république. La France etr la Grande-Betagne ont ensuite fait de même. Le président du Soudan voisin, Omar el Béchir, a aussi félicité le Sud-Soudan pour son indépendance, affirmant que «la volonté des Soudanais du Sud doit être respectée».

Dès le petit matin, des Sud-Soudanais enthousiastes ont afflué vers le lieu des cérémonies, en chantant et en agitant des drapeaux, sous haute sécurité. «Sud-Soudan oyee (oh oui)! Sud-Soudan libre!» scandait la foule. «C'est un jour historique, un jour de justice (...) Aujourd'hui nous pouvons commencer une nouvelle vie et oublier les souffrances et la douleur», a lancé l'archevêque épiscopal du Soudan Daniel Deng Bol.

Ce rassemblement était le plus grand jamais vu dans cette ville au bord du Nil Blanc, où manquent les infrastructures de base. L'accession à l'indépendance intervient après plus de 50 ans de guerre -entrecoupée par une période d'accalmie de quelques années- entre les rebelles sudistes et les gouvernements successifs de Khartoum, un conflit qui a dévasté la région, fait des millions de morts et créé une méfiance réciproque.

En 2005, un accord de paix a mis un terme au plus long conflit d'Afrique et ouvert la voie au référendum de janvier 2011 qui a vu les sudistes voter pour la scission. Le gouvernement de M. Béchir a reconnu dès vendredi la future République du Sud-Soudan, bien que des questions clés attendent encore d'être réglées entre les deux "pays", comme le partage des richesses pétrolières et le statut de provinces frontalières contestées, dont Abyei. L'Allemagne et l'Australie ont aussi reconnu le Sud-Soudan qui a besoin de toute l'aide possible pour faire face au défi de construire un Etat stable et prospère.

 

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9 juillet 2011 6 09 /07 /juillet /2011 18:50

Abdoulaye-Wade-Hissene-Habre.jpg

Le président sénégalais Abdoulaye Wade a décidé de faire reconduire l’ex-président tchadien dans son pays où les organisations de défense des droits de l’Homme doutent qu’il puisse bénéficier d’un procès équitable

L’ex-président tchadien Hissène Habré va être renvoyé dans son pays d’origine lundi 11 juillet par un vol spécial affrété par le Sénégal. Le gouvernement tchadien a « pris acte de cette décision » du président sénégalais Abdoulaye Wade et a annoncé, le 9 juillet, dans un communiqué, son intention de « prendre attache avec l’Union africaine (UA), les ADH (associations de droits de l’homme) intéressées, ainsi que les victimes, pour l’organisation d’un procès équitable au Tchad ». Sur place, le flou persistait le 9 juillet sur le sort qui sera réservé à Hissène Habré. Aucun officiel tchadien n’était en effet en mesure de préciser ce qu’il adviendra à l’ex-président à son arrivée à Ndjamena. « Normalement il sera pris en charge à l’aéroport et emmené à un juge d’instruction qui l’inculpera et le placera sous mandat de dépôt », selon une souce judiciaire proche du dossier.

Hissène Habré, qui a dirigé le Tchad de 1982 jusqu’à son renversement en 1990, était réfugié au Sénégal depuis sa chute. Il est accusé de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture. En 2006, l’UA avait demandé au Sénégal de juger Hissène Habré « au nom de l’Afrique », ce que le président sénégalais avait accepté. Cependant, aucune information judiciaire n’avait été ouverte depuis. Le 9 juillet, le porte-parole du gouvernement sénégalais, Moustapha Guirassy, s’est contenté de confirmer le retour d’Hissène Habré sans préciser s’il était encore à son domicile de Dakar ou déjà aux mains des autorités sénégalaises. « L’UA a donné un mandat au Sénégal pour juger Hissène Habré ou l’extrader et nous avons signé et ratifié les conventions contre la torture. Nous ne voulons pas être en faute par rapport à cette injonction de l’UA », a-t-il précisé.

Selon Maître El Hadji Diouf, l’un des avocats au Sénégal du président déchu, « ce retour au Tchad n’est pas légal ». « Wade est un juriste mais il a oublié ses leçons de droit. Selon le droit international, aucune personne ne peut être expulsée vers un pays où elle va mourir », fait-il valoir, ajoutant qu’il « n’appartient pas à Wade de choisir le pays qui va accueillir Habré » s’il s’agit d’une expulsion, mais à l’ex-président tchadien. En outre, remarque-t-il, une extradition obéit à une procédure » et H. Habré « ne peut pas être extradé sans que la justice (sénégalaise) se prononce ». Selon Maître El Hadji Diouf, Hissène Habré qui « a réagi avec étonnement et surprise » à la décision du président sénégalais, s’estime victime d’un « kidnapping » et est en train de rédiger « des plaintes » contre Abdoulaye Wade pour « violation des droits de l’homme ».

Les ONG préféreraient que le procès se tienne en Belgique 

Plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme et même une avocate de victimes ont également critiqué cette décision, doutant qu’Hissène Habré, 69 ans, puisse bénéficier d’un procès équitable au Tchad. Pour sa part, l’ONG Human Rights Watch déplore la décision du Sénégal de renvoyer H. Habré au Tchad et non en Belgique. » Les victimes d’Habré se battent depuis vingt ans pour qu’il soit jugé, mais c’est fondamental qu’il ait un procès équitable. Or, au Tchad, les conditions ne sont pas réunies. C’est pour cela que nous nous sommes toujours opposés à l’idée de l’y renvoyer », assure l’avocat Reed Brody, un responsable de Human Rights Watch. Hissène Habré a « déjà été condamné à mort par contumace pour d’autres crimes et nous espérons que le gouvernement tchadien va le renvoyer en Belgique où il pourrait avoir un procès équitable », précise-t-il. La Belgique avait porté plainte contre le Sénégal en 2009, demandant qu’il juge ou extrade Hissène Habré.

« On est inquiet, car on ne sait pas ce qui va se passer », estime de son côté Clément Abayefouta, président de l’Association des victimes contre la répression politique (AVRP), qui regroupe les victimes du régime d’Hissène Habré. « Les victimes sont déçues, elles se demandent s’il y aura un procès un jour. Et si Hissène Habré est jugé, nous craignons que ce ne soit pas pour les faits que nous lui reprochons », s’inquiète notamment Me Jacquelin Moudeina, avocate de victimes.

 

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8 juillet 2011 5 08 /07 /juillet /2011 10:31

Sud-Soudan-copie-1.jpg

Plus qu’un jour et ce sera le grand … jour pour le Sud-Soudan. En effet, la date de demain 9 juillet 2011 sera inscrite en lettres d’or dans les annales de cette partie du Soudan qui accède à la souveraineté internationale avec la proclamation officielle de son indépendance. Par l’acte solennel de demain, le Sud-Soudan fera son entrée dans le concert des nations en devenant le 54e Etat africain et le 193e dans le monde.

Ce que s’apprêtent à vivre demain, à Jouba, les Sud- Soudanais et leurs invités, principalement des chefs d’Etat et le secrétaire général des Nations unies, rappelle les années 1960 qui virent beaucoup de pays africains colonisés s’affranchir de la tutelle de leur métropole. Un peu plus de 50 ans après, c’est donc le tour du Sud Soudan de connaître ce que l’on avait appelé à l’époque les « indépendances tcha-tcha ».

Autrement dit, la joie de se savoir libre de son destin. Mais avant ce grand jour, que de chemin parcouru par le futur nouvel Etat ! A quelques exceptions près, le cheminement est identique à la plupart des Etats africains aujourd’hui indépendants qui ont dû lutter pour arracher leur liberté. De façon succincte, et en guise de cours d’histoire, on peut relever que tout a commencé par une première guerre civile de 17 ans (1955 à 1972) entre le Nord-Soudan musulman et arabe et le Sud, animiste et chrétien, suite à la remise en cause de l’autonomie du Sud dans le cadre d’un Etat fédéral. Après un intermède de 13 ans consécutifs aux accords de paix signés à Addis-Abeba, les armes se mirent à nouveau à tonner entre les belligérants après la tentative d’islamisation forcée du Sud par le président Gaafar El Nimeiri, arrivé au pouvoir en 1969 par un coup d’Etat. Cette fois, la confrontation armée durera 22 ans.

Comme la première fois, elle sera réglée autour d’une table avec les accords de paix de Naivasha (Kenya) signés en 2005. Pour le grand bonheur, l’histoire ne s’est plus répétée et depuis lors c’est la paix avec, de temps à autre, des escarmouches comme celle intervenue récemment à Abyei, la zone frontalière disputée entre le Nord et le Sud. Mais de façon générale, c’est la détente et les ennemis d’hier se parlent et travaillent même ensemble avec l’entrée dans le gouvernement, du héros des deux guerres, le regretté John Garang. De la cohabitation dans un gouvernement d’union nationale, on est arrivé aujourd’hui à l’indépendance conformément bien sûr aux accords de paix de 2005 qui ont prévu, à cet effet, un référendum d’autodétermination qui s’est déroulé en janvier 2011 avec une victoire massive du oui.

A la longue nuit est en train de succéder un jour nouveau dans cette partie longtemps tourmentée du Soudan. Le combat de John Garang et de tous ceux qui se sont battus pour l’indépendance du Sud-Soudan n’aura pas été vain. Il faut maintenant souhaiter que le nouvel Etat soit accueilli à bras ouverts dans le concert des nations par les autres Etats. Ce souhait s’adresse particulièrement à son voisin du nord et adversaire d’hier qui semble avoir fait contre mauvaise fortune bon cœur en concédant l’indépendance du Sud-Soudan, cette partie utile du fait du pétrole dont elle regorge en abondance.

C’est, en effet, le sentiment que l’on éprouve à travers l’attitude de Omar El-Béchir. Si aujourd’hui, ses troupes se sont retirées en attendant l’autre référendum d’autodétermination, le maître de Khartoum a jeté son dévolu sur Kordofan, une zone à problème. L’indépendance du nouvel Etat sera proclamée dans un contexte de tension avec le voisin nordiste. La communauté internationale qui a œuvré pour cette indépendance, doit redoubler d’efforts pour éviter une nouvelle poussée de tension avec Khartoum. En attendant, bienvenue au nouvel Etat ! SD

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8 juillet 2011 5 08 /07 /juillet /2011 10:20

Karim.jpg

Face aux émeutes qui ont embrasé récemment le Sénégal, Karim Wade a eu l’idée de faire appel à l’armée française pour réprimer les manifestants. Décidément, on aura tout vu avec les velléités de Me Abdoulaye Wade de mettre, par tous les moyens, son fils en orbite pour lui succéder. La requête de Wade fils est restée sans suite, la suite des événements en témoigne. Le porte-parole de la présidence s’est évertué à démentir cet appel au secours. Mais, c’était sans compter avec la sincérité cinglante de Robert Bourgi que Wade fils a appelé pour négocier cette intervention. Celui-là a confirmé qu’il a bel et bien reçu un coup de fil dans ce sens. En effet, ce conseiller officieux de Nicolas Sarkozy pour les affaires africaines, a, avec force détails, dit avoir été sollicité par le fils du président sénégalais en vue de plaider l’intervention des troupes françaises à Dakar la nuit des émeutes.

On imagine le malaise de Karim Wade et du porte-parole, face à cette mise au point du conseiller du président français. Cette information soulève maintes interrogations et observations. Karim Wade a-t-il informé son père avant de passer ce coup de fil ? L’a-t-il fait sur instructions ou de son propre chef ? On ne peut s’empêcher de se demander aussi pourquoi Wade fils s’est tourné vers l’armée française. A-t-il essuyé, au préalable, une fin de non-recevoir de la part de l’armée de son propre pays au point de recourir aux troupes françaises au Sénégal pour faire le « sale boulot » ? En tout cas, cet acte traduit un vrai malaise dans le système en place au pays de Gorgui. Cet appel au secours du fils du président sénégalais laisse percevoir une certaine frilosité, une panique dans son camp.

C’est le genre de comportements révélateurs d’un régime aux abois. Certes, il y a des accords militaires entre le Sénégal et la France. Mais, à supposer que le Sénégal ait vraiment besoin d’un appui militaire de la France, Karim Wade n’est pas, dans l’orthodoxie républicaine, l’autorité compétente pour demander cette aide. Cela est évident du moment où il n’est ni le chef de l’Etat, ni le Premier ministre, ni même le ministre de la Défense. Des choses de ce genre ne peuvent pas se faire dans un Etat de droit souverain. Par cet acte, Wade fils donne la preuve qu’il manque de culture et de maturité politiques solides. Comment a-t-il pu prendre un tel risque de voir l’armée française intervenir pour « mâter » des Sénégalais qui manifestent dans leur propre pays ? A-t-il seulement pensé, un seul instant, aux conséquences désastreuses d’un tel acte pour son pays et surtout pour son avenir politique à lui ?

A-t-il pensé au tollé prévisible de tous les anti-impérialistes et autres souverainistes, tant au Sénégal que sur le continent, que cela aurait provoqué ? Il est vrai que comme le dit, en substance, un dicton, en situation de noyade, on s’accroche à tout, même à un serpent. * Inutile de dire que tout cela est grave et surprenant pour un pays comme le Sénégal, censé être un des Etats africains les plus respectables en termes de démocratie et à cheval sur les principes de souveraineté nationale. Me Abdoulaye Wade n’avait-il d’ailleurs pas demandé le démantèlement des bases militaires françaises dans son pays, symboles forts du néo-colonialisme français ?

En sollicitant une intervention militaire française dans son pays, Wade Junior donne du Sénégal, l’image d’un pays irresponsable, incapable de faire face à ses propres problèmes. En posant cet acte qui s’inscrit en droite ligne des agissements déplorables de la Françafrique, il infantilise son pays. Pour sa part, cette sortie de Robert Bourgi sonne comme un désaveu pour le ministre Karim Wade, mais aussi pour Abdoulaye Wade et son régime. Un ami ne vous jette pas en pâture de la sorte, sauf si, cette amitié bat de l’aile. Le fils du chef de l’Etat sénégalais a visiblement oublié qu’en politique, les intérêts priment sur l’amitié, que les temps ont quelque peu changé, que l’Elysée a maintenant de la peine à soutenir des régimes comme le leur, sans s’attirer les foudres de l’opinion.

Ce comportement de Bourgi tend à confirmer ce qui se murmurait déjà : la France, consciente du rapport de force qui se dessine, se serait rapprochée de l’opposition sénégalaise, au détriment de Wade. Cette ruade de la diplomatie « officieuse » fait écho aux propos tenus dernièrement par Alain Juppé -diplomatie officielle- suite aux émeutes survenues au Sénégal, sur les risques liés à la volonté de Wade de se maintenir au pouvoir à tout prix. C’est un signe qui ne trompe pas. Quand on considère que tout cela se passe à quelques encablures de l’élection présidentielle, ces bévues ont toutes les caractéristiques des signes avant-coureurs d’une fin de règne. Mal négociée comme le fait le pouvoir actuellement en place au Sénégal, cette fin de règne est source de risques énormes. Aux Wade de savoir se ressaisir et d’éviter le pire à eux-mêmes et à leur pays.

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6 juillet 2011 3 06 /07 /juillet /2011 11:21

C’est avec consternation que les autorités tchadiennes à Ndjamena ont appris que la France s’apprêtait à retirer les forces françaises dites « Épervier » (950 hommes) du Tchad. Selon une déclaration du chef du quai d’Orsay Alain Juppé, « La force militaire appelée Épervier  »ne se justifie pas » et doit être rapatriée ». Le Tchad est un pays d’Afrique centrale sans accès à la mer. Pour ses exportations de pétrole, il passe par les ports camerounais, après avoir construit un oléoduc avec le concours de la Banque mondiale. Situé au sud de la Libye, à l’est du Niger et du Nigeria, au nord du Cameroun et de la République centrafricaine et à l’ouest du Soudan, ce pays qui connait par intermittence des guerres craint pour sa stabilité. Sa capitale est N’Djamena. Géographiquement et culturellement, le Tchad constitue un point de passage entre l’Afrique du Nord et l’Afrique noire.

La fin du président Idriss Deby Etno ?

Faisant suite à la demande d’Idriss Deby Itno qui avait déclaré le 11 août 2010 : « Nous nous acheminons vers une révision de l’accord de siège entre Epervier et le Tchad ». la France réagit donc. Le président tchadien ne savait pas que la Libye serait en proie à une guerre de prédation. Apparemment donc, il existerait entre Paris et Ndjamena, un désamour qui ne dit pas son nom. Après la déstabilisation de la Libye où, selon nos informations l’Otan préparerait une invasion terrestre dans les 10 jours qui viennent et les armes qui vont circuler indubitablement avec la probable défection des rebelles de Kadhafi venant pour la plupart du Tchad et du Niger, le Tchad sera en proie à des troubles, puisque la force française Épervier était/est en quelque sorte, une force d’interposition. Ce pays d’Afrique centrale de près de 12 millions d’habitants peut pousser la guerre du Niger, jusqu’à se répandre au Cameroun. Est-ce cette affaire qui a fait que le président tchadien ne se déplace au procès de son fils aîné Brahim assassiné à Courbevoie,  procès qui a lieu jusqu’au 8 juillet prochain à Nanterre ? Tout était prévu pour son déplacement mais, en dernière minute, il n’est pas venu.

Une nouvelle guerre de prédation ?

Les gisements du pétrole tchadien sont exploités par un consortium associant ExxonMobil (Etats-Unis), Chevron (Etats-Unis), et Petronas (Malaisie). Aucun pétrolier français dans le lot. Représentant 80% des exportations nationales, le pétrole permet à la balance commerciale de ce pays pauvre jadis, de devenir nettement excédentaire. Selon un protocole d’accord avec la Banque mondiale, il doit servir de financement à la lutte contre la pauvreté et le Tchad bénéficie de 2 milliards d’euros/an à cet effet.  Pourquoi donc la France tenterait de déstabiliser ce pays en retirant ses troupes ? Pourquoi maintenant alors que le président Déby l’avait demandé depuis 2010 ? Le hasard n’étant pas de ce monde, soit, la France convoite aussi le pétrole tchadien sous injonction de ses multinationales, soit, la France fait semblant d’avoir un contentieux avec le Tchad, complice comme certains États africains, en contribuant à la liquidation sans vergogne de Mouammar Kadhafi pour assouvir la soif de sang et de pétrole des puissances occidentales. La question est de savoir que feront les États-Unis et le Cameroun lié au destin du pétrole tchadien.

Ruse pour envoyer ces hommes en Libye ?

Selon plusieurs sources concordantes, l’attitude française passerait par un envoi de tous ces hommes postés au Tchad en Libye. En effet, enlisée dans la guerre contre le peuple libyen et son leader Mouammar Kadhafi, la France, sans en référer à l’Onu ou à l’Otan comme d’habitude, après le parachutage illégal d’armes aux rebelles qui n’avancent point malgré la propagande ambiante, aurait décidé d’envoyer des troupes au sol pour en finir. Info ou intox ? Dans les tous prochains jours, nous en sauront un peu plus. Alors que le Parlement français, sorte de chambre, de caisse de résonance et/ou psittacidé, fera allégeance au président de la République Nicolas Sarkozy pour l’extension de la guerre au sol le 12 juillet prochain, en leur âme et conscience, alors que la Libye, pays membre des Nations unies, n’a jamais attaqué la France, ce serait le comble. A.Jules

 

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1 juillet 2011 5 01 /07 /juillet /2011 11:42

Ils étaient tous là. Ou du moins, presque. Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine (UA), ont répondu nombreux à  l’invitation à eux adressée par leur homologue Theodoro Obiang Nguema Basogo dans le cadre du 17e Sommet qui les a réunis hier à Malabo, la capitale de la Guinée Equatoriale. La somptueuse salle de Conférence du Centre de conférence de Sipopo qui a abrité l’ouverture de cette rencontre au sommet, a affiché complet. Quoi de plus normal car le thème général de ce rendez-vous est d’une importance capitale: «Autonomisation des jeunes pour un développement durable.» A tout seigneur tout honneur. C’est le président de la Commission de l’Union Africaine Jean Ping, qui a planté le décor.


Il a plaidé pour une prise en compte plus efficiente des préoccupations des jeunes par les dirigeants respectifs. Il en veut pour preuve, les mouvements de protestation des jeunes dans les pays arabes que l’on a qualifiés de ‘’printemps’’ arabe. Pour lui, «les soulèvements des jeunes (dans ces différents pays) sont les conséquences des difficultés auxquelles ces derniers sont confrontées.» C’est d’ailleurs pour quoi il a plaidé pour que ce sommet produise des résultats à la hauteur de l’espoir placé en lui par la jeunesse africaine: «Il est impératif que ces discussions aboutissent à de bons résultats» a-t-il soutenu.


La situation en Côte d’Ivoire n’a pas non plus échappé à l’intervenant. Il s’est prononcé sur ‘’la crise post-électorale longue et douloureuse qu’a connue la Côte d’Ivoire’’ et n’a pas omis d’assurer le président Ouattara du total soutien de l’UA. Parce que «l’Afrique a besoin d’une Côte d’Ivoire forte et prospère, fidèle à sa philosophie d’hospitalité. L’UA qui a été la première Organisation à reconnaître la victoire du président Ouattara, s’est employée pour une issue pacifique de la crise. (…) Nous avions voulu que la crise cesse. Malheureusement, le président sortant n’a pas voulu comprendre les choses» a regretté Ping, convaincu qu’il ne saurait y avoir de «développement durable sans paix».


Devant la trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement qui ont assisté à l’ouverture du 17é Sommet, le président de la Commission de l’UA, s’est félicité de l’économie africaine qui est sur «une trajectoire ascendante, depuis quelques années». Les conflits, les manifestations de rue, la question du financement de l’Union, sont autant de points qui ont meublé le discours de Ping qui, au passage, a salué les présidents qui, pour la première fois, participent à ce sommet en leur qualité de présidents démocratiquement élus dans leurs pays respectifs.


Parmi eux, bien entendu, le président ivoirien qui a été ovationné par ses pairs. Tout aussi longuement ovationné, l’ancien président du Brésil, Luis Ignacio Lula Da Silva. Il a exposé sur le modèle brésilien lorsqu’il était encore au pouvoir. Il a clairement fait savoir aux dirigeants africains que leur jeunesse ne doit pas constituer pour eux, un problème mais plutôt, une solution. «La jeunesse est une richesse si nous savons reconnaître sa place. De grandes conquêtes populaires ont réussi grâce aux jeunes.

Nos garçons et nos filles ont été à l’avant-garde de la liberté» a-t-il fait savoir à l’intention des dirigeants africains au grand complet. Son secret à lui, ou plus précisément, le secret de la réussite de la politique de son pays en faveur des jeunes, il l’a livré aux uns et aux autres afin que cela serve d’exemple dans les pays africains: «Nous avons beaucoup investi dans la qualité de l’éducation, de la crèche au Doctorat» a dit l’ancien chef de l’Etat brésilien, qui représentait la présidente de son pays, Mme Dilma Roussef.


L’invité des dirigeants africains a exhorté les institutions internationales notamment, l’ONU à plus d’implication dans la résolution des conflits africains, dont celui qui mine la Libye depuis bientôt un semestre, et les Institutions financières internationales en particulier, le FMI, à participer à la réduction du seuil de la pauvreté en Afrique. A toutes fins utiles, le Brésil s’est dit disposé à établir des partenariats avec les pays africains qui le désirent. C’est au président du pays hôte qu’est revenu l’insigne honneur de déclarer ouvert les travaux du 17é Sommet. Mais avant lui, la secrétaire générale adjointe de l’ONU et le secrétaire général adjoint des Etats de la Ligue arabe, ont exposé devant le parterre de personnalités. Le discours de bienvenue a été prononcé par le maire de Malabo, Mme Coloma Edjang Mbegono. Le Sommet quant à lui, prend fin aujourd’hui.


Yves-M. ABIET

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1 juillet 2011 5 01 /07 /juillet /2011 11:39

Ainsi donc, Abdoulaye Wade a posé un lapin à ses pairs au rendez-vous de Malabo ! En effet, son ministre des Affaires étrangères était absent à la réunion de ses homologues africains et lui-même ne participe pas au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement qui s’ouvre aujourd’hui dans la capitale de la Guinée équatoriale. Raison officielle : la crise qui secoue actuellement le Sénégal. Un argument qui peut tenir la route. Les ruines des dernières manifestations sont encore fumantes et le feu du front social n’est toujours pas éteint.

Le Mouvement du 23 juin a appelé à maintenir et à continuer la lutte pour exiger que le président sénégalais renonce à briguer un nouveau mandat. Même si ces manifestants ne demandent pas le départ immédiat du président Wade, leur morgue et leur hargne sont assez suffisantes pour contraindre un chef d’Etat à faire défection. Il subsiste toutefois des interrogations.

Est-ce seulement à cause des slogans du Mouvement du 23 juin et des grognements de mécontentement provoqués par les délestages que le maître du Sopi a brûlé la politesse à ses pairs ? D’ailleurs, que craint-il ? Que son fauteuil présidentiel saute en son absence ? Que durant les 48 heures qu’il passera à Malabo il y ait une déstabilisation aggravée de son pouvoir ? Dans tous les cas, son refus d’aller à Malabo suppose deux hypothèses. Soit c’est l’aveu que la crise a atteint une ampleur inquiétante et que le président sénégalais a préféré s’occuper des salades de son petit jardin potager, menacées de péril, que d’essayer de soigner les choux d’une ferme qui ne lui appartiennent pas.

C’est de bonne guerre, sinon, la fable de l’homme qui veut ôter un brin de paille dans l’oeil d’autrui alors que le sien est envahi de poutres, s’appliquerait volontiers à lui. Soit cette crise n’est qu’un beau prétexte tombé du ciel pour ne pas participer à un sommet qui sentait pour lui le roussi. En effet, tous connaissent la position du président sénégalais sur la crise libyenne. Une position qui n’aurait sans doute pas varié s’il participait à ce sommet. Or, peut-être que Abdoulaye Wade a subodoré que la tonalité générale de cette rencontre sera contre son point de vue et que dans ce cas, il risquerait d’en sortir les oreilles rabattues par l’humiliation.

D’où cette attitude de prudence pour se mettre à l’abri d’un éventuel mauvais quart d’heure. Peut-être aussi qu’ayant justement eu vent de la direction que prendront les débats, il a jugé bon de ne pas assister au sommet, sa présence pouvant être vue comme une onction à tout ce qui sera décidé à l’issue du sommet. Dans tous les cas, le Conseil national de transition (CNT) libyen perd ainsi un fervent défenseur de sa cause à ce sommet. Figure de proue de la révolution des rebelles libyens en Afrique, Abdoulaye Wade n’a pas hésité à se rendre personnellement à Benghazi pour montrer sa profonde conviction. Rien de mieux qu’un tel monsieur comme porte-voix au rendez-vous de Malabo. Maintenant que Maître Wade est loin des micros de la capitale équato-guinéenne, les rebelles libyens, presqu’orphelins, devront se débrouiller sans lui pour faire entendre leur cause devant des chefs d’Etat dont l’unanimité sur la question libyenne est loin d’être acquise.

Abdou ZOURE

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26 juin 2011 7 26 /06 /juin /2011 21:15

La résolution 1973 de l'ONU utilisée par l'OTAN pour conduire ses opérations en Libye n'autorise pas "un changement de régime ou un assassinat politique" du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, a déclaré dimanche à Pretoria le président sud-africain Jacob Zuma.

"Les bombardements continus de l'OTAN et de ses alliés sont une préoccupation qui a été soulevée par notre comité et par l'assemblée de l'UA (Union africaine) car la finalité de la résolution 1973 était de protéger le peuple libyen et faciliter les efforts humanitaires", a déclaré M. Zuma.

"La finalité n'était pas d'autoriser une campagne pour un changement de régime ou un assassinat politique", a déclaré dimanche à Pretoria le président sud-africain à l'ouverture de discussions du comité des médiateurs de l'UA sur la Libye, selon le texte de son discours dont l'AFP a obtenue une copie.

"Sur le terrain il y a une impasse militaire, qui ne peut et ne doit pas autoriser à s'éterniser indéfiniment - à la fois en raison de son terrible coût en victimes civiles et de la déstabilisation potentielle de la sous-région toute entière", a souligné Jacob Zuma.

"Le peuple africain veut voir la fin immédiate de conflit en Libye et le début du processus vers un régime démocratique", a-t-il ajouté.

 

Le président sud-africain Jacob Zuma (D) et son homologue mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, lors de la réunion des médiateurs de l'UA, le 26 juin 2011 à Pretoria

M. Zuma a pressé Mouammar Kadhafi et les rebelles du Conseil national de transition (CNT) à des compromis pour parvenir à un accord.

"La solution en Libye doit être politique et repose dans les mains du peuple libyen. Nos frères et soeurs libyens - ceux qui détiennent l'autorité et ceux du CNT - doivent agir avec audace et montrer leur aptitude à diriger", a-t-il dit.

Le comité des médiateurs, composé de cinq chefs d'Etat, était réuni dimanche en Afrique du Sud pour passer en revue les efforts de médiation devant aider à un règlement de la crise libyenne.

La réunion de Pretoria s'est ouverte alors que les rebelles libyens ont indiqué attendre rapidement une offre du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi qui pourrait mettre fin à une guerre de plus de quatre mois.

Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz dirige le comité des médiateurs, qui compte les dirigeants de quatre autres pays: Jacob Zuma (Afrique du Sud), Denis Sassou Nguesso (Congo), Amadou Toumani Touré (Mali) et Yoweri Museveni (Ouganda).

Cette réunion intervient juste avant le 17e sommet de l'Union africaine qui se tiendra à Malabo, en Guinée-équatoriale du 30 juin au 1er juillet à l'heure où la crise libyenne divise de plus en plus les pays du continent.

L'UA a proposé une "feuille de route" pour mettre fin au conflit, acceptée par Mouammar Kadhafi mais rejetée par les insurgés, combattant depuis février le régime de M. Kadhafi, dont les forces sont visées depuis mars par les frappes d'une coalition internationale.

Cette feuille de route prévoit un cessez-le-feu et l'instauration d'une période de transition conduisant à des élections démocratiques. CI

 

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24 juin 2011 5 24 /06 /juin /2011 19:52

BAGNAG

Laurent Gbagbo sera-t-il le premier ancien chef d’Etat africain à être convoqué à la barre de la Cour pénale internationale (CPI) ? La probabilité d’un tel événement, déjà considérée comme logique au regard des lourdes charges qui pèsent sur l’ex-chef d’Etat ivoirien, est plus que jamais grande. Le jugement de l’ancien président libérien, Charles Taylor ayant plutôt été fait par une Cour spéciale pour la Sierra-Léone délocalisée à La Haye.

Si l’on s’en tient aux récentes déclarations de l’actuel ministre de la Justice de la Côte d’Ivoire, le prisonnier le plus célèbre de Korhogo pourrait être très bientôt dans le collimateur de la CPI. Cette information a été donnée en marge d’une conférence au cours de laquelle Jeannot Kouadio Ahoussou a révélé certains éléments sur les conclusions de l’enquête préliminaire sur la disparition des quatre personnes au Novotel d’Abidjan. A en croire le ministre ivoirien, les victimes ont été torturées à mort dans le palais présidentiel, alors occupé par l’enfant de Mama.

En attendant qu’un jugement impartial vienne confirmer cette thèse, l’on peut souligner tout de même son caractère vraisemblable dans un contexte où l’ex-régime ivoirien faisait feu de tout bois pour échapper à la chute. Et bien que l’on puisse admettre que l’ancien président ivoirien n’ait pas tué ces gens de ses propres mains, il ne saurait pour autant s’en laver aisément les mains. Car l’acte crapuleux a été perpétré à sa résidence, donc, sinon sous ses yeux, du moins à son instigation ou avec son approbation. L’ancien locataire du palais d’Abidjan porte donc la plus grande responsabilité dans cette affaire et dans bien d’autres dont les nouvelles autorités ont annoncé l’ouverture imminente des enquêtes.

Une mission de la juridiction internationale séjournera, du reste, sur les bords de la lagune Ebrié, du 27 juin au 4 juillet afin de baliser le terrain pour la conduite éventuelle d’investigations sur les crimes économiques, de sang et de guerre commis notamment pendant la période postélectorale. Cette mission n’augure rien de bon pour ceux qui ont vu dans cette crise, l’aubaine idéale pour se défouler de manière inhumaine et ignoble sur leurs adversaires. Soit, les escadrons de la mort se recrutent dans les deux camps, comme l’ont révélé les rapports de certains mouvements internationaux de défense des droits de l’Homme.

Il ne serait donc pas superflu que, pour avoir mis trop de zèle dans la traque des antidémocrates, des partisans de l’actuel président ivoirien répondent de leurs actes. Toutefois, force est de reconnaître que le camp Gbagbo fut celui qui a été à la base de l’instabilité postélectorale dont il a voulu tirer profit en incitant ses adeptes à la haine et au suicide collectif. Que leur chef, sous les ordres duquel ceux-ci agissaient, réponde devant les tribunaux nationaux et internationaux n’est que simple justice.

Et la célérité avec laquelle le gouvernement de Alassane Dramane Ouattara (ADO) gère ce dossier semble de bon aloi, car cela permettrait de clouer le bec à tous ceux qui estiment que ces bourreaux de la république sont illégalement détenus. Certes, les défenseurs des droits humains ont le droit et même le devoir de veiller au respect des droits et de la dignité de tout être humain quel que soit ce qu’on peut lui reprocher.

C’est d’ailleurs en vertu de ce même principe que ceux qui se proclament protecteurs des droits des personnes vulnérables ne doivent pas faire fi de ceux des nombreux orphelins et veuves à qui il faut, pour l’instant, éviter le même sort que leurs proches disparus. Libérer tous les accusés pourrait donc faire courir un deuxième risque à ces derniers, sans oublier qu’une fois en liberté, certains prisonniers n’hésiteraient pas à prendre la fuite.

Si un présumé coupable d’homicide, même involontaire, mérite d’être privé de liberté jusqu’à la production de la preuve de son innocence, des présumés auteurs de boucheries humaines méritent encore plus de restriction. La CPI semble d’ailleurs prendre la véritable mesure de l’abîme qui existe entre les chefs d’accusation ordinaires et ceux qui prévalent en Eburnie, ce qui explique sans conteste leur future collaboration avec les nouvelles autorités de ce pays.

Le boulevard qu’emprunteront Laurent Koudou Gbagbo et ses probables co-auteurs ou complices présumés de crimes, est, par ailleurs, en train d’être élargi avec la nouvelle de l’existence quasi évidente de comptes bancaires suisses dont seraient titulaires le président du Front populaire ivoirien (FPI) et son clan. Une découverte qui confirme la démagogie et l’insincérité de l’ex-candidat FPI lors de la présidentielle ivoirienne de novembre 2010.

L’on se rappelle que pour se faire passer pour un présidentiable "propre" et digne de confiance, celui-ci avait juré devant ses compatriotes de ne posséder aucun compte dans une banque extérieure. L’on peut ainsi se réjouir du fait que les Ivoiriens ne se soient pas tous laissés duper par des propos trompeurs en refusant en grand nombre de lui donner leurs voix.

Les vaillants fils du pays d’Houphouët-Boigny auront, sans doute, la chance d’être consolés pour une deuxième fois, après la victoire et l’investiture de ADO, dans la mesure où la prophétie du président burkinabè Blaise Compaoré a de fortes chances de se réaliser. L’ex-facilitateur de la crise ivoirienne n’avait-il pas dit, avec exaspération sans doute, que "Laurent Gbagbo finira un jour devant la CPI" ? Ce dernier est visiblement bien parti pour détenir le titre pas très élogieux de premier ancien chef d’Etat africain à être jugé par la CPI

Le Pays

 

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24 juin 2011 5 24 /06 /juin /2011 19:46

Wade et son fils

Ça y est ! Wade a été contraint de faire marche-arrière. Ou du moins d’enterrer ce qui pourrait être un casus belli pour une confrontation de longue durée inter-sénégalaise. On s’attendait qu’houspillé par l’opposition et la société civile, le président Wade, fasse une petite reculade, quelques réglages pour revenir en force afin de faire avaler avec moins de douleur la pilule du funeste projet dit de ticket présidentiel. Rien de tout cela. Le projet est tout simplement abandonné, ce qui est à l’honneur du vieil homme d’Etat qui a su reculer devant le danger, mais aussi à la classe politique et la société civile qui a su dire Non, à l’unisson.

Selon le chronogramme, hier jeudi 23 juin, les députés sénégalais devaient examiner un projet de loi très querellé instituant un ticket présidentiel, qui prévoit l’élection simultanée au suffrage universel direct d’un président et d’un vice-président. Un acte inédit dans les annales de nos républiques à tradition francophone que voulaient poser ces élus. Et de mémoire d’homme de médias, rarement projet de loi aura été autant l’occasion de trouble à l’ordre public.

La contestation entre partisans et opposants dudit projet a été si vive que, du côté de Dakar, l’opposition regroupée au sein de Benno Siggil Sénégal a suspendu sa participation à la révision du fichier électoral – un acte hautement symbolique –, estimant que la prochaine présidentielle, prévue pour février 2012, serait biaisée. Qui pis est, des appels à la mobilisation contre ce projet et plusieurs manifestations d’une violence rare ont éclaté à travers le pays pour amener Gorgui à revoir sa copie.

« Un projet de loi visant simplement à faire passer le président avec 25% des suffrages exprimés n’est pas acceptable au Sénégal », explique un manifestant qui en a ras -le-bol de la gestion du pouvoir d’Etat sous l’ère du Sopi. C’est vrai qu’avec sa kyrielle de gouverneurs, de préfets et de sous-préfets, tous acquis au président, ce n’aurait été qu’un jeu d’enfant pour Wade de se faire réélire et de permettre à son parti, le PDS, de rester au pouvoir ad vitam aeternam. Avec plus de 80% de députés libéraux et d’autres béni oui-oui, qu’est-ce qui aurait pu empêcher ce malheureux projet de passer comme une lettre à la poste ?

Et cela est d’autant plus inacceptable que le successeur d’Abdou Diouf sait mieux que quiconque que sa popularité est en berne. Il veut donc changer les règles du jeu à huit mois de la présidentielle, autant dire en plein match, pour se mettre à l’abri d’éventuelles surprises désagréables. Au Sénégal, les estimations de vote, régulièrement rendues publiques, qui sont crédibles pour l’opposition, fantaisistes pour les libéraux et leurs amis, mais ayant toujours un impact jamais démenti sur l’opinion, créditent Gorgui, candidat à sa propre succession, d’une fourchette de 25 à 30% des suffrages.

Un second tour pour départager les deux candidats arrivés au second tour s’avérant périlleux pour le pape du Sopi, tant la tendance du « tout sauf Wade » gagne du terrain avec tous ces déçus du libéralisme à la sénégalaise, il est apparu plus sage au plus vieil homme d’Etat en exercice en Afrique de parer à cette éventualité. Mais c’était sans compter avec la détermination et l’esprit de suite des politiques de l’opposition et de la société civile au pays de la Téranga.

On sait qu’en dépit de son âge, avancé, l’esprit du président sénégalais fourmille d’idées qui ne sont pas toujours saugrenues. Mais véritablement, cette trouvaille de vice-présidence dans une Afrique de l’Ouest à tradition française -où ce poste est quasiment inconnu et surtout de la part d’un Wade plus francophile que de raison- semble être hors de saison.

En effet, sauf erreur ou omission, hormis le Nigeria, le Kenya et certainement bien d’autres pays de tradition anglo-saxonne, sous nos tropiques, ce poste n’existe pas. Et c’est une curiosité que de chercher des arguties juridiques et politiques pour en créer. Hormis le fait que ce poste peut s’avérer un gouffre financier pour le contribuable, sa raison d’être est difficile à démontrer. Alors pourquoi vouloir imposer aux Sénégalais un tel machin ?

Pour bien de Sénégalais, la réponse coule de source : opérer à bon compte une dévolution dyarchique du pouvoir en positionnant Karim.

En effet, après sa vaine tentative de le propulser à la tête de l’Etat, Wade tente de changer son fusil d’épaule pour mieux atteindre sa cible. Son fils biologique placé dans cette posture, le reste deviendrait un jeu d’enfant pour ce président nonagénaire que de hisser davantage en cas de besoin ce « fils prodige » qui, en dépit de son échec aux municipales, ne cesse de cumuler des postes gouvernementaux. Et l’opposition et la société civile sénégalaises semblent pour le moment avoir réussi à éviter ce coup de Jarnac.

Voilà un projet de loi que Gorgui a eu la sagesse de reléguer aux calendes grecques ou qu’il a abandonné pour toujours. En intellectuel bon teint, il a parfaitement compris le message de ses compatriotes qui ne veulent aucunement dudit projet. Une reculade, à son honneur et pour le bien-être du Sénégal.

 

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