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Groupe de Reflexion et d'Action pour le Tchad
"Un blog Indépendant qui va au délà de l'actualité"

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                                             « Informer sans tabous et sans mensonges »

18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 11:54

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L'administration Obama lui rechercherait une porte de sortie en Afrique, affirme le New York Times. 

Que faire de l'encombrant colonel Kadhafi ? Le New York Times affirme que l'administration Obama a engagé des démarches discrètes pour lui trouver un pays d'accueil, de préférence en Afrique.

La manœuvre s'annonce compliquée car le dictateur libyen sait qu'il a de grandes chances d'être poursuivi pour les attentats de Lockerbie en Ecosse ou pour des crimes commis sous son autorité en Libye. Heureusement pour lui, près de la moitié des pays africains ne reconnaissent pas l'autorité de la Cour pénale internationale.

Kadhafi a longtemps entretenu d'excellentes négociations avec le Tchad, le Mali ou le Zimbabwe, mais il est encore trop tôt pour dire quels pays seraient prêts à l'accueillir.

Pour les Américains et leurs alliés européens, l'option d'un départ négocié de Kadhafi présenterait l'avantage d'obtenir sa chute sans avoir à déployer de troupes au sol, avec un risque d'enlisement. 

En attendant, le colonel ne donne aucun signe de vouloir quitter le pouvoir. Il a même intensifié le pilonnage des villes de Misrata et Ajdabiya

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18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 11:49

Libye-copie-5.jpgLes forces pro-Kadhafi se sont rapprochées dimanche d'Ajdabiya, repoussant de nouveau vers l'est les rebelles qui ont cependant gardé le contrôle de la ville et tenaient bon aussi à Misrata, ville côtière que les forces loyalistes pilonnent depuis des semaines.

samedi, les insurgés avaient progressé d'une quarantaine de kilomètres en direction de Brega (Est), située à 80 km à l'ouest d'Ajdabiya, à la faveur de raids aériens de l'Otan les jours précédents.

Mais dès dimanche matin, des tirs intenses sur la porte ouest d'Ajdabiya indiquaient que les forces pro-Kadhafi étaient revenues à moins de 20 km de cette ville stratégique, poussant certains rebelles et les habitants restés dans la ville à fuir par centaines, selon un journaliste de l'AFP.

L'armée a fini par se replier et les rebelles ont gardé le contrôle de la ville. Ils étaient déployés sur les grandes artères, érigeant des barricades pour ralentir les troupes loyales au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi en cas d'incursion.

Des tirs de roquettes des forces gouvernementales sur le front à mi-chemin entre Ajdabiya et Brega avaient fait samedi 8 morts et 27 blessés.

A Misrata (ouest), 16 personnes ont été tuées et 71 blessées selon des chiffres de l'hôpital de la ville, où les combats ont repris de plus belle en milieu de journée dimanche, et le vrombissement des avions de l'Otan pouvait être entendu tout l'après-midi, selon un photographe de l'AFP. Les insurgés ont affirmé avoir conquis des positions des forces pro-Kadhafi dans la nuit.

"Ca se complique. Il y a beaucoup de blessures par balles à la tête", a indiqué un médecin se présentant sous le pseudonyme de Mohamad al-Misrati, laissant entendre que le régime a envoyé des tireurs mieux entraînés.

Samedi, l'hôpital avait décompté six morts et 31 blessés. Les restes de bombes à sous-munitions étaient visibles dans différents quartiers, selon un photographe de l'AFP. Le régime a fermement démenti avoir utilisé ces armes, interdites depuis 2010.

Une dizaine de milliers de migrants, notamment égyptiens et nigériens, attendent toujours leur évacuation dans un camp de fortune installé près du port de Misrata, dans des conditions particulièrement précaires, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Deux bateaux affrétés par l'OIM doivent faire la navette entre Misrata et Benghazi, fief des rebelles dans l'Est.

L'un d'eux devait accoster dimanche soir pour embarquer un millier de réfugiés, "en priorité les plus vulnérables, ceux originaires d'Afrique de l'Ouest, notamment du Tchad et du Niger, qui sont les moins bien soignés par la population" selon Jeremy Haslam, qui dirige cette opération.

Plus à l'ouest encore, les forces loyalistes bombardaient les environs de la ville de Nalout, à quelques dizaines de kilomètres de la frontière tunisienne, selon un témoin.

Des habitants de Nalout s'étaient rendus un peu plus tôt à Zenten, à près de 120 km plus à l'est, pour chercher des renforts, faisant état de violents combats alors que les forces pro-Kadhafi tentaient de bloquer complètement la frontière, officiellement fermée mais encore poreuse par endroits.

Environ 3.000 Libyens ont fui samedi les montagnes de l'ouest de leur pays pour rejoindre la Tunisie, a indiqué le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR).

Dimanche, le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a estimé qu'il y avait "un certain risque" que le conflit "puisse durer" parce que le dirigeant libyen et son pays n'étaient pas "totalement prévisibles".

Le Premier ministre britannique David Cameron a répété qu'il n'était "pas question d'une invasion ou d'une occupation". "Il ne s'agit pas d'envoyer des soldats sur le terrain", a-t-il asséné, précisant que cette restriction rendait les choses "plus difficiles".

Selon le New York Times, le gouvernement américain recherche activement un pays susceptible d'accueillir M. Kadhafi, sans avoir à le livrer s'il était poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye pour les violences contre son peuple.

Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy a déclaré qu'il fallait "maintenir la pression militaire" en Libye et affirmé que le départ de Mouammar Kadhafi était "le but principal" de la coalition.

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 12:02

LO-ET-SIMO.jpgMarie-Antoinette Singleton, la fille de l'ex-première dame ivoirienne Simone Gbagbo, a saisi cinq avocats parisiens, dont Me Vergès, Dumas et Collard, pour tenter de contester la légalité de l’intervention de l’Onu en Côte d’Ivoire. Et l’arrestation de son beau-père. 

Fille d’un premier  mariage de Simone Gbagbo, Marie-Antoinette Singleton a décidé de contre-attaquer. Dans un communiqué transmis par Toussaint Alain, un conseiller parisien du président sortant, l'ex-vice-consul de l'ambassade de Côte d'Ivoire aux États-Unis annonce avoir saisi quelques stars du barreau parisien pour assurer la défense de l’ex-couple présidentiel, menacé d’une « procédure judiciaire » par Alassane Ouattara.

« J'ai décidé, en accord avec ma famille, de demander à Me Jacques Vergès, Me Roland Dumas, Me Gilbert Collard, Me François Epoma, Me Habiba Touré, de constituer un collectif d'avocats afin d'assurer la défense » de Laurent et Simone Gbagbo, « ainsi que des autres membres de ma famille et des collaborateurs détenus illégalement par les rebelles », dit le document.

Au stade de l’étude

« J'ai demandé à ces avocats d'étudier les conditions de légalité, au sens international, de l'"arrestation" du président de la République et de la Première dame et aussi la légalité internationale de l'intervention de l'armée française qui a agi en dehors du cadre de la résolution 1975 du Conseil de sécurité de l'ONU », ajoute Marie-Antoinette Singleton, qui vit aux États-Unis.

Les cinq avocats sont tous inscrits au barreau de Paris. Roland Dumas, ex-ministre socialiste des Affaires étrangères, et Jacques Vergès, sont déjà de proches conseillers de Laurent Gbagbo. En décembre, on s’en souvient, ils avaient dénoncé à Abidjan une « ingérence française et internationale » en Côte d'Ivoire et apporté leur soutien d’une manière très médiatique au président sortant. (avec AFP)

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13 avril 2011 3 13 /04 /avril /2011 16:54

gbagbo-et-mangou.jpg

Diantre !

En politique, les choses vont à la vitesse du son. Il n’y a que les intérêts qui comptent. Dans son roman En attendant le vote des bêtes sauvages, l’écrivain ivoirien à succès  Ahmadou Kourouma écrivait: « La politique est comme la chasse, on entre en politique comme on entre dans l’association des chasseurs. La grande brousse où opére le chasseur est vaste, inhumaine et impitoyable comme l’espace, le monde politique ». Ils ont déjà retourné leur veste, tous ces généraux qui, il y a à peine 3 jours, paradaient auprès de Laurent Gbagbo. Dans cette édition spéciale sur la chaîne TCI (Télévision Côte d’Ivoire), ces derniers ne citent même pas leur ancien chef, désormais incarcéré. Ils ont eu le pardon d’Alassane Dramane Ouatarra puisqu’ils lui ont fait allégeance.

Auparavant, le nouveau président de la République ivoirienne, Alassane Dramane Ouattara, avait accordé une audience à ces généraux. Ainsi,  Philippe Mangou, Tiapé Kassaraté, Bredou Mbia, Kouakou Nicolas et Dogbo Blé Brunot, respectivement, chef d’Etat major de l’armée, commandant la Gendarmerie, commandant de la Police, commandant du Centre de commandement intégré et commandant de la garde républicaine ont reconnu en Alassane Dramane Ouatarra, le chef suprême des armées, juste quelques heures après la chute de Laurent Gbabgo. En tout, 9 Généraux. Que dire de plus ?

Selon une source diplomatique, Laurent Gbagbo avait tout refusé. Hormis ce que tout le monde sait avec notamment la main tendue de Barack Obama pour un exil doré et un poste de professeur, il aurait aussi dit Niet, pour un certain nombre de garanties : immunité juridique, recouvrement de ses avoirs, liberté de circulation et 2 millions d’euros par an. La source indique: « Il a eu l’occasion de partir la tête haute, il ne l’a pas saisie ».

Sur le plan politique, Alcide Djédjé, l’ex ministre des Affaires étrangères, encore réfugié à l’ambassade de France à Abidjan, est en contact avancé avec les pro-Ouatarra. Il aurait personnellement téléphoné à Guillaume Soro, le premier ministre, sur les conditions de son ralliement. On signale aussi Désiré Dallo, l’ex ministre des Finances. Une source pas vérifiée indique même que, le « Général de la rue », Charles Blé Goudé, négocie aussi son rapprochement, afin qu’il permette aux jeunes patriotes, par ses appels légendaires, à laisser tomber les armes. Mais, un couac persiste: il n’aurait aucun rôle au sein du nouveau gouvernement d’union nationale qui se peaufine au Golf hôtel. Une autre source indique qu’il serait en fuite.

Comme le disent les proverbes, « On n’est jamais trahi que par les siens » ou encore « Méfiez-vous de vos ennemis mais encore plus de vos amis ». La trahison des proches, dans ce cas ivoirien est terrible. « Seigneur, protège-moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge », dit le dicton. Un ami ne vaut-il pas plus qu’un frère ? Considérant donc que Laurent Gbagbo a tenu grâce aux militaires, le régime Ouatarra tiendra-t-il aussi ? Mais, la paix est mon voeu le plus cher pour ce beau pays.

Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire !

Allain Jules

 

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13 avril 2011 3 13 /04 /avril /2011 14:23

Simone.jpgProche des mouvements évangélistes, l'épouse de Laurent Gbagbo est une femme politique à part entière...

Simone Gbagbo n’est pas le genre de Première dame à faire de la figuration à côté de son époux. Mariée depuis 40 ans au président sortant de Côte d’Ivoire, celle que les militants surnomment «Maman» est un élément clé dans la politique ivoirienne. Députée d’Abidjan depuis 1996, elle est également présidente du groupe parlementaire du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de son mari. Et agit dans l’ombre de ce dernier.

Née en 1949, Simone Ehivet fonde le FPI avec Laurent Gbagbo, dans la clandestinité, en 1982. «Au côté des hommes, j'ai mené des combats très durs contre le régime en place. J'ai fait six mois de prison. J'ai été battue, molestée, presque laissée pour morte», racontait t-elle dans une interview accordée en 2001 au magazine L’Express. «Après toutes ces épreuves, il est normal qu'on ne badine pas avec moi.»

«C’est une jusqu’au-boutiste»

«Ma position actuelle, je la dois à ma trajectoire, pas au poste de mon mari (…) J’ai la trempe d’un ministre», confiait-elle dans ce même entretien. Marque de cette «trempe», Simone Gbagbo a sans doute été pour beaucoup dans la constitution du nouveau gouvernement de son mari, certes non reconnu par la communauté internationale. Le Premier ministre Gilbert Aké N’Gbo était ainsi présenté avant sa nomination comme l’un de ses proches, tandis que la ministre de la Santé et de la lutte contre le Sida, déjà membre des précédents gouvernements, n’est autre que sa cousine germaine, Christine Nebout Adjobi.

«C’est une jusqu’au-boutiste» précise Philippe Hugon, directeur de recherche à l’Iris. Selon lui, si Laurent Gbagbo est «un vrai tacticien, qui commet peu d’erreurs», son influence à elle se situe à un niveau plus spirituel: «elle est très religieuse, proche des mouvements évangélistes». Une foi qui la pousse à prendre en grippe les musulmans du Nord de la Côte d’Ivoire – parmi lesquels Alassane Ouattara, le vainqueur de l’élection du 28 novembre dernier.

La seconde épouse de Gbabo, sa principale rivale

Cette femme à poigne est-elle aussi une «dame de sang», comme la qualifie Le Figaro dans un portrait publié le 20 décembre dernier? En 2004, Simone Gbagbo s’affiche aux côtés des Jeunes patriotes, mouvement nationaliste soutenu par la présidence, qui comprend des milices armées. Ce sont ces dernières qui répriment dans le sang des manifestations en 2003 et s’en prennent aux intérêts français en Côte d’Ivoire en 2004. «(Les jeunes) ne sont pas descendus dans la rue sous mes ordres» se défend la Première dame dans une interview à France24 en 2007. «Mais, ajoute-t-elle, je suis très fière de ce qu’ils ont fait».

Le seul élément capable d’ébranler ce pilier de la politique ivoirienne se trouve finalement dans son entourage le plus proche. Il prend les traits d’une autre femme: à 39 ans, Nadiana Bamba, la seconde épouse de Laurent Gbagbo a montré son influence dans la campagne présidentielle de son mari grâce à l’agence de communication dont elle est propriétaire. Et a supplanté l’épouse historique dans nombre de cérémonies officielles.

Enora Ollivier

 

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13 avril 2011 3 13 /04 /avril /2011 10:02

Le président américain Barack Obama a appelé mardi le nouveau président ivoirien Alassane Ouattara, affirmant qu’il soutiendrait les efforts de ce dernier dans la reconstruction de la Côte d’Ivoire, qui est en proie à quatre mois de crise post-électorale.

M. Obama s’est engagé à soutenir les efforts de M. Ouattara pour "unir la Côte d’Ivoire, relancer l’économie, restaurer la sécurité et réformer les forces sécuritaires", indique un communiqué de la Maison blanche.

"Le président Obama a salué l’engagement du président Ouattara à fournir la sécurité et à promouvoir les aspirations de tous les Ivoiriens, et a déclaré que les Etats-Unis seront un grand partenaire alors que le président Ouattara forme un gouvernement inclusif, favoriser la réunification et la réconciliation, et répond à l’actuelle situation humanitaire", dit le communiqué.

Selon le communiqué, les deux présidents ont réaffimé l’importance d’assurer que les atrocités présumées fassent l’objet d’enquêtes et que les auteurs - quelle partie qu’ils ont soutenue - soient tenus responsables de leurs actions.

Ils se sont aussi engagés à soutenir le rôle de la Commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme de l’ONU et de la Cour pénale internationale dans les enquêtes en Côte d’Ivoire.

Alassane Ouattara, qui a remporté le second tour de l’élection du 28 novembre 2010 selon la Commission électorale ivoirienne, est le président ivoirien reconnu par l’Union africaine, l’Union européenne ainsi que les Nations Unies, tandis que son rival, le président sortant Laurent Gbagbo, déclaré vainqueur de la présidentielle par le Conseil constitutionnel, refuse de céder le pouvoir.

Ce dernier a été arrêté lundi par les forces pro-Ouattara à la résidence présidentielle à Abidjan, soutenues par les forces de l’ONU et de la France. (Xinhua)

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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 12:08

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Plusieurs pays et institutions ont salué lundi la chute du président sortant de Côte d'Ivoire Laurent Gbagbo, exprimant l'espoir qu'elle permette un nouveau départ pour le pays et insistant sur la réconciliation que devra mener Alassane Ouattara, le président internationalement reconnu.

Le président des Etats-Unis Barack Obama a salué lundi l'arrestation de M. Gbagbo, dont il a dénoncé "les prétentions illégitimes au pouvoir", et a appelé "tous les groupes de miliciens" à déposer les armes.

Ce dénouement "représente une victoire pour la volonté démocratique du peuple ivoirien, qui a souffert pendant bien trop longtemps" a-t-il dit, relevant que "pour le président Ouattara et les Ivoiriens, la difficile oeuvre de réconciliation et de reconstruction doit démarrer dès maintenant. Le président Ouattara va devoir gouverner au nom de tous les Ivoiriens, dont ceux qui n'ont pas voté pour lui".

M. Obama a également remercié l'ONU et la France pour les actions entreprises afin de "protéger les civils" en Côte d'Ivoire.

L'arrestation de M. Gbagbo marque la fin d'un chapitre malheureux "qui n'aurait jamais dû exister", a souligné lundi pour sa part le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, assurant le président Alassane Ouattara que l'ONU allait travailler avec lui "pour s'occuper des problèmes que nous aurons à l'avenir", a-t-il dit dans une déclaration.

Plus tôt, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, avait jugé que cette arrestation "envoie un signal fort aux dictateurs" de la région et au-delà qu'ils ne "devraient pas mépriser" la voix de leurs peuples qui réclament des élections libres et justes.

L'arrestation de M. Gbagbo va permettre à la Côte d'Ivoire de "connaître la paix et un regain d'essort économique", a de son côté estimé le ministre français de l'Intérieur Claude Guéant. Les forces françaises, mandatées par l'ONU, ont joué un rôle décisif dans le dénouement de lundi.

L'Union européenne a applaudi l'arrestation et promis d'aider la Côte d'Ivoire à relancer au plus vite son économie pour contribuer à sa stabilité.

"Nous nous sommes engagés à agir pour favoriser le retour de la paix dans ce pays. Nous fournirons un soutien à long terme à la Côte d'Ivoire pour la prospérité afin de garantir la stabilité et aider à reconstruire le pays", a déclaré la chef de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton dans un communiqué.

Le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, a lui salué "la volonté d'Alassane Ouattara d'apporter la paix et la justice en Côte d'Ivoire", l'appelant à "prendre des mesures concrètes pour favoriser la réconciliation nationale, y compris parmi les forces armées".

"La Côte d'Ivoire va enfin sortir de la situation difficile dans laquelle l'avait plongé Laurent Gbagbo. Ce qui est important, c'est de travailler à la réconciliation de tous les Ivoiriens", a déclaré Serigne Mbacké Ndiaye, ministre et porte-parole du président sénégalais Abdoulaye Wade, dont les relations avec son ex-homologue ivoirien étaient notoirement tendues.

"Laurent Gbagbo a été mis en cause de manière crédible dans des crimes contre l'humanité et d'autres atrocités dont il devra répondre. Il ne devrait pas bénéficier d'un exil doré dans un pays qui le protègerait contre des poursuites au niveau national ou international", a affirmé le responsable Afrique de HRW, Daniel Bekele.

A Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, pays frontalier de la Côte d'Ivoire que le régime Gbagbo a toujours accusé de soutenir la "rébellion", l'annonce de l'arrestation, a été accueillie par une explosion de joie, klaxons bloqués, youyous, cris de joie. Au moins trois millions de Burkinabès vivent en Côte d'Ivoire. AFP

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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 11:45

BAGBOOOOO.jpg

Après l'arrestation de Laurent Gbagbo ce lundi, retour sur la crise, déclenchée par l'élection présidentielle ivoirienne le 28 novembre 2010 qui a dégénéré en guerre civile.

  Acte 1: une élection sous tension

Après six années de report, l'élection présidentielle ivoirienne se déroule dans le contexte d'un pays divisé. Pendant la campagne électorale, les prémices des tensions à venir sont palpables. Le premier tour, organisé le 31 octobre 2010, en porte les traces. Mais c'est au second tour, le 28 novembre, qui oppose le président sortant Laurent Gbagbo à l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara, que la situation se détériore. La veille, une manifestation de l'opposition contre le couvre-feu instauré par le président Gbagbo a fait trois morts.  

L'attente des résultats du vote plonge le pays dans la confusion, comme l'illustre cet incident: le 30 novembre, deux jours après l'élection, des représentants de Laurent Gbagbo au sein de la commission électorale empêchent l'annonce de résultats partiels à Abidjan. Cette crispation au sein de la commission retarde l'annonce des résultats; les partisans d'Alassane Ouattara accusent le président sortant de bloquer l'annonce avant le délai initialement prévu, le 1er décembre à minuit.  

Acte 2: deux présidents pour un Etat

Un premier verdict tombe le 2 décembre: la commission électorale indépendante donne le challenger de Gbagbo vainqueur, avec 54,1% des voix. Ces résultats sont aussitôt invalidés par le Conseil constitutionnel, proche de du président sortant. Le Conseil estime que les chiffres, qui ont été annoncés après l'expiration du délai de trois jours prévu par le code électoral, sont nuls. Le lendemain, le Conseil constitutionnel proclame Laurent Gbagbo président de la République. 

Les deux hommes revendiquent alors chacun de leur côté la victoire. Le 4 décembre, Laurent Gbagbo se fait investir président et son opposant prête serment "en qualité de président de la République". Le lendemain, après avoir reconduit comme Premier ministre Guillaume Soro, Alassane Ouattara forme un gouvernement. Son rival réplique en annonçant la nomination de Gilbert Marie N'gbo Aké au poste de Premier ministre. 

Acte 3: Condamnation de la communauté internationale

Dès le 3 décembre, les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne reconnaissent la victoire de Ouattara. Le 7, la Cedeao --la Communauté des Etats d'Afrique de l'ouest-- suspend la Côte d'Ivoire. Le lendemain l'ONU appelle au respect des résultats annoncés par la Commission électorale indépendante, sous peine de sanctions. Même la Russie, après quelques jours d'hésitation, adopte la déclaration du Conseil de sécurité de l'ONU. Le 9 décembre, c'est au tour de l'Union africaine (UA) de suspendre la Côte d'Ivoire, avant de durcir le ton le 18: le président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping, remet à Laurent Gbagbo une lettre qui lui demande de quitter le pouvoir.  

Le 17 décembre, l'Union européenne (UE) appelle l'armée ivoirienne à se placer sous l'autorité de Ouattara et le président français Nicolas Sarkozy lance un ultimatum à Laurent Gbagbo: il exige son départ avant la fin de la semaine, sous peine d'être frappé par des sanctions de l'UE. C'est chose faite le 20 décembre: Laurent Gbagbo, son épouse ainsi que 17 proches (puis 59 fin décembre), sont privés de visas d'entrée en Europe. Le lendemain, ceux-ci sont interdits de voyager aux Etats-Unis. 

Acte 4: sanctions et bataille pour les leviers financiers

Le 22 décembre, le président de la Banque mondiale annonce que les crédits accordés à la Côte d'Ivoire ont été gelés. Plus important, le lendemain, sept ministres des Finances de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) demandent à la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) d'autoriser uniquement les représentants du président ivoirien "légitimement élu", Alassane Ouattara, à gérer les comptes du pays. 

Cacao, café, pétrole, ports, banques, douanes, taxes: qui contrôle les avoirs de la Côte d'Ivoire et ses flux financiers dispose d'un atout décisif.  

Les avoirs de Laurent Gbagbo sont gelés le 6 janvier aux Etats-Unis, tandis que l'UE gèle les avoirs du président sortant et de 84 membres de son camp, le 14. 

Dès lors s'engage une bataille entre les deux rivaux sur les leviers financiers du pays. Le 24 janvier, Alassane Ouattara ordonne l'arrêt des exportations de cacao dont le pays est 1er producteur mondial, espérant étrangler financièrement Gbagbo. En réaction, Laurent Gbagbo prend le contrôle de l'achat et l'exportation du cacao, le 8 mars.  

Le 22 février Ouattara obtient le départ du gouverneur ivoirien de la BCEAO, proche de Laurent Gbagbo qui refusait de lui donner la signature au nom de son pays. Laurent Gbagbo ordonne alors la "réquisition" des agences en Côte d'Ivoire de la BCEAO, mais Alassane Ouattara réplique en annonçant leur "fermeture". Cette stratégie d'asphyxie finit par bloquer le système financier du pays. 

Acte 5: Navettes africaines et menace d'intervention militaire

Le 24 décembre, la Cedeao organise à Abuja (Nigeria) un sommet extraordinaire sur la Côte d'Ivoire. Les pays d'Afrique de l'Ouest annoncent l'envoi d'émissaires dans le pays et menacent de déloger par la force Laurent Gbagbo.  

Alors que la pression internationale sur Gbagbo s'accroît, Alassane Ouattara, prône, le 6 janvier, une action commando "non violente" de l'Afrique de l'Ouest pour chasser Laurent Gbagbo de la présidence. mais l'option d'une intervention militaire suscite des interrogations: "Qui est prêt à envoyer des troupes dans un centre urbain comme Abidjan ?", s'interroge un spécialiste nigérian du dossier. Mêmes réserves côté français: une opération militaire de la Cedeao pour chasser Laurent Gbagbo "ne peut être qu'un dernier recours que nous voulons absolument éviter" selon selon la ministre des affaires étrangères française Michèle Alliot-Marie, interrogée le 28 janvier. 

Dans le même temps, l'Union africaine demande au Premier ministre kényan, Raila Odinga, de tenter de résoudre la crise politique, puis met en place un "panel" de chefs d'Etat sur la crise. Plusieurs navettes de la Cedeao et de l'UA se succèdent à Abidjan, en vain. Finalement, le 31 mars, le Conseil de sécurité des Nations unies vote à l'unanimité la résolution 1975 qui exhorte Laurent Gbagbo à se retirer et soumet le président sortant et ses proches à des sanctions. 

Acte 6: montée de la violence

Des affrontements éclatent peu après le scrutin: 173 personnes sont tuées entre le 16 et le 21 décembre, selon l'ONU.  

Les partisans de Gbagbo s'en prennent aussi à l'ONU qu'ils accusent d'être favorable à Alassane Ouattara: Charles Blé Goudé, leader des "Jeunes patriotes" appelle, le 25 février, les jeunes à "s'organiser en comités pour empêcher "par tous les moyens", la force de l'ONUCI de circuler à Abidjan.  

Au mois de janvier, les violences se propagent, en particulier dans l'ouest du pays, région la plus instable du pays, et à Abidjan, La situation se dégrade sérieusement en février et en mars. Après que des manifestants aient été tués par les Forces de Défense et de Sécurité (FDS), dans les quartiers d'Abobo, Koumassi, et Treichville, un "commando invisible" est formé dans les quartiers pro-Ouattara qui mène des embuscades contre les FDS.  

Duékoué, le spectre des carnages

des massacres à grande échelle ont été commis à Duékoué entre le 27 et le 29 mars, date de la conquête par les partisans d'Alassane Ouattara de cette cité de l'ouest. Les doutes portent sur le bilan (de 300 à un millier de morts). L'ONU impute "la plupart" des assassinats aux forces ouattaristes et incrimine pour le reste les miliciens et les mercenaires libériens au service de Laurent Gbagbo. 

Après la mort d'au moins six femmes, tuées par balles par les forces pro-Gbagbo qui dispersaient une manifestation à Abidjan, le 3 mars, l'ONU craint la "résurgence de la guerre civile" de 002-2003

Des témoignages confirment l'instauration dans le Grand Abidjan d'une terreur milicienne, incarnée par les Jeunes Patriotes, qui, armés de gourdins et de machettes, dressent des barrages sauvages ou incendient maisons, échoppes et minibus. Dans le camp d'en face, l'ex-rebellion des Forces nouvelles (FN) qui durcit sa riposte, se livre elle aussi à des exactions

Les agences humanitaires de l'ONU estiment que près d'un million de personnes ont du quitter leur domicile pour fuir les violences qui ont fait, depuis l'élection présidentielle du 28 novembre, des centaines de morts.  

Acte7: l'offensive des Forces républicaines de Côte d'ivoire

Les ex-rebelles du nord alliés à Alassane Ouattara ont prisdeux localités de l'ouest sous contrôle du camp Gbagbo le 25 février, puis les villes de Toulépleu, le 6 mars et Doké le 13 mars. Le 17 mars, Alassane Ouattara crée les Forces républicaines de Côte d'ivoire (FRCI), composées de de soldats des FDS ayant fait défection et d'ex-rebelles des Forces nouvelles.  

Le 28 mars, les FRCI lancent une grande offensive militaire, quatre mois jour pour jour après le début de la crise post-électorale. Ils progressent rapidement rencontrant peu de résistance, en raison des défections au sein de l'armée notamment, et atteignent Yamoussoukro, la capitale administrative le 30, puis Abidjan le 31. Mais les FRCI se heurtent à la résistance des partisans de Laurent Gbagbo dans leurs bastions d'Abidjan, livrée au pillageet aux violences. Le 4 avril, L'Onuci et la force française Licorne frappent les derniers bastions de Gbagbo, tirant sur des camps militaires et des batteries situées à la résidence et au palais présidentiel. Des négociations sont entamées avec Laurent Gbagbo pour demander sa reddition, mais malgré l'écroulement de son régime, celui-ci, retiré dans sa résidence du quartier de Cocody, s'y refuse.  

Acte 8: la chute de Gbagbo

Après que les forces pro-Gbagbo aient réussi à regagner du terrain à Abidjan à partir du 8 avril, reprenant le contrôle de plusieurs quartiers, les forces françaises de l'opération Licorne et l'Onuci lancent une campagne de frappes sur les bastions du président ivoirien sortant, le 10 avril.  

Le 11 avril, en début d'après-midi, Laurent Gbagbo est arrêté par les forces d'Alassane Ouattara et conduit au Golf hôtel, QG du camp Ouattara dans Abidjan.  Reuters

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10 avril 2011 7 10 /04 /avril /2011 15:24

L'issue ne fait plus guère de doute : Gbagbo va devoir abandonner le pouvoir. Alain Léauthier nous explique pourquoi son départ ne signifie pas automatiquement une grande victoire de la démocratie.

 Il ne faut pas certes pas vendre la peau du Gbagbo avant qu’il ne soit tué, mais la fin du président sortant de la Côte d’Ivoire ne fait désormais plus de doute. Celui qui aimait son surnom de boulanger d’Abidjan, eu égard à sa légendaire habileté à rouler ses adversaires dans la farine, ne sortira vraisemblablement pas indemne du pétrin dans lequel il s’est fourré. Qu’il soit  exécuté, exfiltré ou simplement arrêté, Gbagbo, en tout cas, aura perdu le combat engagé tout à la fois contre son rival Alassane Ouattara, contre la France, les Etats-Unis et les institutions internationales. Comme l’on dit dans les gazettes où l’on prétend façonner le monde à partir des trottoirs de Saint Germain des Prés, l’événement est considérable. Et pas forcément si limpide quand la vérité du monde revêt tant de visages différents à Kaboul, à Tripoli, à Damas ou au Caire.

1) Première évidente leçon : la stratégie du  « seul contre tous les impérialismes »  a échoué.

Seuls les obligés du régime ou la masse hétéroclite des jeunes patriotes, mélange de voyous, d’étudiants précarisés et d’idéologues en mal de grand soir, ont répondu présent. Après avoir soutenu le « camarade Gbagbo », par ailleurs converti comme eux aux dures réalités du marché, deux géants du continent, l’Angola et l’Afrique du Sud l’ont finalement laissé tomber pour préserver leurs propres intérêts de puissances émergentes mais encore fragiles.

2) Un certain droit d’ingérence fonctionne.

C’est incontestablement le boycott  économique du pays qui a précipité la chute  de Gbagbo : la double paralysie du système bancaire et de la filière cacaotière a peu à peu étouffé le régime et explique  la désaffection  de pans entiers de l’armée et de la police. Quand la solde ne suit  pas ou menace d’être supprimée… Il semble d’ailleurs que le « timing » de l’offensive des Forces républicaines (FR) soutenant Alassane Ouattara soit directement lié à la question cacaotière: Gbagbo  espérait trouver un second souffle grâce aux  revenus de la petite récolte à venir qu’une compagnie chinoise se déclarait prête à acheter. D’autre part, certains producteurs ayant soutenu Ouattara pressaient ce dernier de hâter la conclusion car la précédente récolte, la plus importante dans l’année, menaçait de pourrir dans leurs hangars où elle était stockée en attendant la levée du boycott. À l’exception des Chinois qui n’ont pas réussi à sauver le régime, les multinationales ont donc respecté l’appel de Ouattara. Version optimiste : elles se sont pliées de bonne grâce à la légitimité démocratique qu’il représentait une fois le label «bon  élu » accordé par l’ONU et validé dans la foulée par les principales puissances du Conseil de sécurité. En réalité, la focalisation de l’attention sur le pays, relayée par les grands médias internationaux, rendait difficile une attitude de franc tireur désinvolte. Le problème n’est pas de faire du business sur des cadavres mais que cela se sache. La « communauté internationale » somnolente  lors de tant d’élections truquées, au Gabon, au Congo, au Burkina Faso et bien d’autres pays, s’est soudainement énervée sur le cas ivoirien. Les marchands sans frontière se sont donc adaptés. Adieu Laurent, bonjour Alassane, d’autant que ce dernier, ex-directeur adjoint du FMI et grand adepte des traitements de choc libéraux quand il officiait comme Premier ministre d’Houphouët-Boigny, fait pour ainsi dire partie de la famille. Selon un observateur privilégié du microcosme abidjanais, les nombreux groupes français présents dans le pays ont attendu les toutes dernières semaines avant de lâcher Laurent Gbagbo. « Quand ils ont compris qu’il ne pourrait pas s’en sortir. Ces derniers jours,  bien au contraire, ils espéraient un dénouement rapide de peur que l’économie ne soit durablement abîmée. »

3) Est ce le triomphe du droit sur l’injustice ?

Oui, incontestablement si l’on considère qu’un scrutin électoral constitue l’alpha et l’oméga d’un régime démocratique élémentaire, quel que soit le continent. De bons et honnêtes spécialistes de la Côte d’Ivoire estiment pourtant que les conditions du vote dans le Nord du pays auraient dû invalider l’élection d’Alassane Ouattara. Moins à cause d’une fraude ouverte qu’en raison du climat de domination violente que les ex-rebelles des Forces Nouvelles (les FN rebaptisés un peu artificiellement Forces Républicaines)  ont fait régner depuis 2002,  quand ils en ont pris le contrôle sans partage et surtout sans contre-pouvoir.  Ce n’est pas forcément inexact mais la situation dans les régions restées sous domination du camp Gbagbo ne témoignait pas d’un grand pluralisme quoi qu’en disent  Jacques Verges, Roland Dumas ou quelques socialistes français égarés. Le fait est que les deux parties avaient finalement accepté de se rendre aux urnes en toute connaissance de cause, même si effectivement le contrat ne présentait pas toutes les garanties de loyauté et de parfaite transparence. Mais Gbagbo a joué. Et il a  perdu. L’éthique,  dont se gargarisent quelques spécialistes patentés qui ne connaissent l’Afrique qu’à partir de leur chambre climatisée, n’y retrouvera peut-être pas tous ses petits. Et la participation massive des Ivoiriens au scrutin, au premier comme au second tour, constitue incontestablement un signe d’espoir pour le continent noir. Mais il faut probablement tourner la page : c’est le souhait  d’une majorité d’Ivoiriens qui ne se payent pas de grands mots et veulent avant tout (s’) en sortir

4) Alassane Ouattara sera-t-il l’homme de  la situation?

 C’est évidemment aujourd’hui la seule question qui vaille. Sa victoire  ne suscite en réalité aucun enthousiasme même si la rue montre ou montrera le contraire. À tort, ou à raison, des millions d’Ivoiriens ne l’aiment pas. Ils le soupçonnent d’être depuis toujours l’ordonnateur de la rébellion qui a abouti à la partition de fait du pays à partir de 2002. C’est pour eux, « une bouche qui ment », un adepte du double langage, policé et feutré avec ses amis de la jet set internationale, brutal quand il s’agit d’organiser la prise du pouvoir. Ainsi, au cours des dernières années,  Alassane Ouattara a-t-il toléré, voir même ordonné les horreurs commises par tel ou tel « commandant de zone » des ex-FN dans le Nord ? Tel ou tel trafic ? Les accusations, gravissimes, n’émanent pas des seuls propagandistes du camp Gbagbo, qui oublient toujours leurs propres turpitudes, mais d’organisations comme Human Right Watch. Ou aujourd’hui même l’ONU qui s’inquiète publiquement des « atteintes aux droits de l’homme » dont les troupes de Ouattara se seraient rendues responsables au cours de leur offensive dans l’ouest et le centre. Alassane Ouattara devra très vite lever ces ambiguïtés et prouver qu’il n’est ni le chef, ni l’otage d’un groupe aux intérêts et aux pratiques quelquefois plus que douteux. Surtout, il lui faudra incarner toute la Côte d’Ivoire dans sa diversité ethnique et culturelle et pas seulement l’envie pressante de revanche, sociale et politique, des dioulas du Nord. Faute de quoi le printemps de la démocratie à Abidjan ne durera que le temps d’une amère illusion.

 Alain Léauthier

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5 avril 2011 2 05 /04 /avril /2011 19:48

La France de Nicolas Sarkozy s’apprête à attaquer nuitamment l’armée loyaliste du Président Gbagbo au 2e jour de l’assaut final des rebelles d’Alassane Ouattara et de

leurs alliés sur Abidjan, a-t-on appris de source proche de la Présidence ivoirienne.
Les 2000 légionnaires et 100 chars français débarqués dimanche matin à Abidjan marcheront directement sur le palais présidentiel pour capturer le Président Laurent Gbagbo et le contraindre à l’exil.

C’est le sens du spasme communicationnel qui s’est emparé des dirigeants français mardi après-midi à l’assemblée nationale, où l’opinion a été abondamment abreuvée d’une prétendue reddition du Président Gbagbo.

"Deux généraux proches de l'ancien président Gbagbo sont en train de négocier les conditions d'une reddition", a déclaré le Premier ministre français François Fillon mardi à l'Assemblée nationale, sans donner l'identité des deux militaires concernés. Il a ajouté avoir participé dans la matinée à une conférence téléphonique avec le président français Nicolas Sarkozy et Alassane Ouattara.

"La France peut être aujourd'hui fière d'avoir participé à la défense et à l'expression de la démocratie en Côte d'Ivoire", a conclu le Premier ministre.
A l’Etat-major loyaliste à Abidjan, on dément catégoriquement que deux généraux seraient en train de négocier une quelconque reddition de Laurent Gbagbo.

Et Alcide Djédjé est toujours à son poste auprès du Président Laurent Gbagbo, selon la présidence ivoirienne.

Le ministre des Affaires étrangères français Alain Juppé a de son côté estimé que la France était "à deux doigts de convaincre M. Gbagbo de quitter le pouvoir et de laisser Alassane Ouattara l'exercer". Démenti encore formel de la présidence ivoirienne.
Le ministre de la Défense Gérard Longuet a également estimé que tout "peut se dénouer dans les quelques heures qui viennent" en Côte d'Ivoire. Il a aussi justifié l'intervention française en estimant que l'arrivée des troupes d'Alassane Ouattara à Abidjan "risquait d'entraîne une apocalypse".

Ce que ne dit pas Gérard Longuet c’est que les rebelles d’Alassane Ouattara ont subi lundi de lourdes pertes de la part des forces loyalistes lors de l’assaut final sur Abidjan, et ont dû battre en retraite dans le désordre le plus total. On dénombre plus de 400 morts et plusieurs blessés dans leurs rangs. Ils ne peuvent pas dans ces conditions marcher de nouveau sur Abidjan.

Globalement les frappes françaises sur les civils et l’armée lundi ont fait 2307 morts selon l’hôpital militaire d’Abidjan (HMA).


Christian Vabé

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